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Présentation « In Nomine Patris » de Myriam Tonelotto et Marc Hansmann

 

"In nomine patris", au nom du père. Car c'est en usurpant le nom de la majorité des pères occidentaux responsables et aimants, qu'une poignée de réactionnaires souvent proches de l'extrême droite tente de mettre à mal les droits des femmes sous prétexte de défense de la paternité. Sont ainsi visés les principaux acquis féminins du siècle dernier : droit au divorce, droit à la mobilité géographique et professionnelle, droit à l'avortement, droit à une juste protection contre la violence conjugale. Organisés en réseau, reliés à travers internet, les masculinistes - c'est leur nom - après avoir sévi aux Etats-Unis et au Canada, débarquent en Europe : après l'Allemagne et l'Angleterre, la France et la Belgique sont leurs nouveaux terrains de conquête.

 

Car si les uns après les autres les États d’Amérique, Californie  et Virginie en tête, mesurent aujourd’hui les effets néfastes et rétrogrades des législations votées il y a 10-15 ans sous la pression masculiniste, en Europe on en est encore à la phase « tout nouveau tout beau ». Qu’on en juge : à Londres, le 10 Downing Street les invite à conseiller le gouvernement en matière de violence conjugale. En France rien que de mai à octobre 2003, 20 députés différents ont repris naïvement leurs revendications lors des questions au gouvernement, sans oublier 4 sénateurs… En Belgique, sous leur pression, le gouvernement belge examine une réforme des lois sur le divorce en ce moment même. Bref, le dossier est désormais européen, et les leçons tirées au Québec ou aux États-Unis ne franchissent pas encore l’Atlantique… 

 

C’est ainsi que politiques mais aussi médias tombent régulièrement dans le panneau : les unes après les autres, les télévisions européennes leur ouvrent innocemment l’antenne... Il faut dire qu’en terme d’image, ils frappent souvent fort : en mai 2004, l’ « attentat » contre Tony Blair, bombardé d’un préservatif empli de farine pourpre en plein Parlement, c’est eux ; septembre 2004, un Batman salue la foule du haut du balcon de Buckingham Palace : c’est encore eux. Déguisés tour à toue en pères noëls, Superman ou Spiderman, les lobbies des pères multiplient les manifestations de ce type : Londres, liverpool, Amsterdam, Rome... Les masculinistes sont pourtant peu nombreux, mais leur organisation en réseau à travers l’Europe et Outre-Atlantique fait d’eux un lobby aussi efficace que discret, trop facilement entendus par certains de nos législateurs.

 

Démasquer ces prétendus super-héros, démonter leur fables toxiques, c’est l’objectif de In nomine Patris : aux fables égalitaires de ces « super-héros » acharnés à faire reculer les droits des femmes, le documentaire oppose la métaphore d’un conte issu de la sagesse populaire : le petit chaperon rouge. Les affiches masculinistes allemandes nous montrent un homme venant d’accoucher d’un nouveau-né ? Le chasseur de Grimm répond en scellant une pierre dans le ventre du loup évidé. Les lobbies des pères français, allemands ou britanniques refusent toute mobilité géographique à leurs ex-conjointes ? Voyez de quels stratagèmes use le loup pour empêcher le Petit Chaperon rouge de se mettre à l’abri de ses crocs. A chaque séquence, le conte donne ainsi à lire autrement les revendications masculinistes. Entre chaque tableau, les leaders des associations de défense des droits des pères dévoilent leur agenda. Et d’autres hommes, sociologues, psychiatres, philosophes, chercheurs en violence conjugale ou politiques décortiquent leur discours. Des pères, eux aussi, mais qui, à ces mouvements au discours pernicieux, rétrograde, vengeur, répondent : pas en notre nom.