LA  PEUR  OU  LE  PARI 

 

 

 

                        Je ne suis ni gauchiste, ni souverainiste, ni lepéniste ni altermondialiste …Mais à coup sûr féministe et citoyenne , héritière de toute une tradition philosophique , dite des Lumières . A ce titre , je  m’interroge sur le sens du texte de  la « Constitution », à travers quelques questions de forme et de fond.

 

-Est il incontournable qu’un texte à l’usage de 450 millions de citoyens soit aussi  long et rébarbatif  ?

 

-         Pourquoi n’est ce pas une assemblée constituante indépendante- composée de représentants élus par les  peuples européens - qui a rédigé le traité ? Au lieu de cela, 72 parlementaires élus ou désignés au deuxième degré et qui n’avaient pas été mandatés , ont été chargés de l’élaborer.  . Mieux encore , in fine , les décisions ont été prises par un Présidium de trois personnalités indépendantes, dont V. Giscard d’Estaing

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-         Pourquoi observe t on une certaine confusion des pouvoirs -qui sont entre les mains du couple exécutif Conseil des Ministres et Commission ? La   règle élémentaire de la démocratie n’ est- elle pas  la séparation des pouvoirs ?

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-         Pourquoi la primauté est elle donnée à l’économique sur tous les autres aspects de l’activité humaine ? Autrement dit pourquoi la relation des individus  est elle enclose dans l’alternative vendre ou acheter au plus offrant ?

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-         Pourquoi cette formulation ambiguë « le droit à la vie » qui renvoie à d’interminables querelles sur le droit du fœtus , pas encore né ? Pourquoi pas le droit de disposer de son corps , lui bien vivant , et apte à décider ?

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-         Pourquoi la maternité serait payée et pas la paternité ?

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-         Le «  droit au mariage » inclut il la polygamie ?

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-         Pourquoi certains beaux principes  ne sont ils pas assortis de clauses contraignantes ? Ainsi l’égalité des sexes est bien affirmée à plusieurs reprises , mais il est laissé à chaque pays la latitude d’apprécier comment on doit l’entendre et l’appliquer.

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-         Pourquoi certaines « libertés » - « de manifester sa religion individuellement ou collectivement, en public ou en privé… » article II-70 – résonnent elles comme un glas de la Liberté de pensée et de conscience ?

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-         Pourquoi nos médias se prononcent ouvertement pour le oui ?

 

 

Et , à la lumière de ces interrogations élémentaires , une dernière question de fond :

 

 L’Europe qu’on nous prépare – j’emploie à dessein le « on » car à l’évidence elle nous vient d’en haut -  représente elle une avancée  ou un recul   pour la démocratie ?

 

         A travers le oui ou le non , nous avons le choix entre deux visions de l’Europe .

 

Une  Europe  - un tien vaut mieux  que deux tu l’auras -,  une Europe régie par le principe de réalité , résultante de petits arrangements entre les lobbies les plus militants ,- dont la palette va des hérauts du libéralisme aux  tenants d’un retour en force  des religions - et les politiques décideurs.

 Et une Europe où on fait un pari. Le pari  de prolonger demain l’aventure qui a commencé à Athènes , il y a des millénaires,  et s’est poursuivie dans le sang et aussi l’espoir en 1789.

 

Alors la prudence ou le pari ?

 

 

Anne Zelensky ( prof. agrégée . Présidente de la Ligue du droit des femmes)

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