Cercle d'Etude de Réformes Féministes

 

Face aux obscurantismes (l'islamiste et les autres) : le Devoir de Liberté

 

 

 

INTERVIEW D’ALEXANDRE DEL VALLE

 

 

Alexandre del Valle est l’auteur de « Islamisme et Etats-Unis : une alliance contre l’Europe »[1], « Guerres contre l’Europe »[2] et « Le totalitarisme islamiste à l’assaut des démocraties »[3].

 

 

CERF : Comment vous situez-vous politiquement ?

 

Alexandre del Valle : Politiquement, j’ai été chevènementiste un certain temps, non pas parce que Chevènement partageait toutes mes idées - j’ai plutôt une formation idéologique de droite libérale ou conservatrice libérale – mais principalement en raison de la défense des valeurs de la République et de la laïcité. Friederich Von Hayeck est quelqu’un que j’aime beaucoup, il est le père du libéralisme conservateur, philosophiquement, il m’intéresse beaucoup - mais j’ai été très marqué par la figure de Chevènement à l’époque où il défendait une certaine “diplomatie laïque”. La formule était de lui ; j‘ai beaucoup aimé cette diplomatie laïque. Il dénonçait l’islamisme, les accointances de l’occident avec l’islamisme, donc j’ai appelé à voter Chevènement plusieurs fois. D’une manière générale, ma position politique est atypique et oscille entre le libéralisme économique et philosophique défendu plutôt par des partis de droite parlementaire, et les thèmes de la défense de la nation, de l’Occident et des valeurs de la République et de la laïcité défendues aussi bien par des personnalités de gauche que par les partis et tendances dites souverainistes. Je pense donc être plutôt inclassable. 

Contrairement à ce que disent mes détracteurs, je ne viens pas du tout de l’extrême droite, politiquement et philosophiquement, et même si j‘ai écrit tel ou tel papier dans telle ou telle revue. J’ai appelé à voter pour un seul homme politique dans ma vie, il s’appelait Jean Pierre Chevènement. Je tiens à le préciser. Ça ne veux pas dire que je veux jouer à l’homme de gauche, ce serait démagogique. Mais je n’ai jamais appelé à voter Lepen ou Mégret, que cela soit clair une fois pour toutes. Pas plus, d’ailleurs, que Jacques Chirac !, bien qu’il soit le candidat favori de l’UMP. Maintenant, avec Rachid Kaci, le préfacier de mon livre sur l’islamisme, ami et complice,  nous avons adhéré à l’UMP le mouvement chiraquien-sarkosien. La chose était logique puisque Rachid et moi nous étions rapproché du RPR tout en étant proche d’Alain Madelin, tendances qui se sont fondues dans l’UMP. Tout cela est moins incohérent qu’on ne pourrait le croire du point de vue de la politique politicienne, forcément manichéenne et donc étroite. Par exemple, mon premier maître en géopolitique, le général Pierre Marie Gallois, initiateur de la Force de frappe française, gaulliste historique, a été à la fois proche du RPR et de Jean Pierre Chevènement puis des souverainistes. Par nature, les géopolitologues ne sont pas des idéologues. Ils ne peuvent être que transcourants et transversaux. Mes références suprêmes sont également des personnalités fortes comme l’ancien grand résistant « gaulliste social », Jean Matteoli, Pierre Messmer, Antoine Pinay, et les autres grands résistants politiquement incorrects comme Alain Grioterray, Gabriel Kaspereit ou Lucien Israël.

Peu après le 11 septembre 2001, avec Rachid Kaci, nous avons voulu réagir face à l’islamisme et aux dérives communautaristes de la République - malheureusement Chevènement était un peu sorti de l’histoire et n’avait pas réussi à contenir la montée de l’islamisme en France. Et comme certaines positions vis-à-vis du monde arabe et de l’anti-américanisme primaire, après le 11/09, nous paraissaient indécentes, inacceptables dans le contexte général de lutte contre le terrorisme islamisme et de la recrudescence des mouvements d’extrême-gauche, nous avons décidé de créer le mouvement La Droite Libre à l’intérieur de l’UMP. Ce mouvement, comme le nom l’indique, fait référence à la liberté d’expression, de plus en plus menacée, puis à la notion même de droite, dont les hommes politique de droite ont trop souvent honte, trop occupés qu’ils sont à vouloir plaire aux donneurs de leçons de morale de gauche plutôt que de défendre leurs propres idées. La Droite libre incarne donc à la fois un pôle de réflexions politique et de vigilance face au terrorisme intellectuel et aux inquiétantes dérives de la diplomatie françaises (pro-arabisme, anti-sionisme radical, anti-américanisme). Rachid et moi pensons par ailleurs, qu’un certain nombre de gaullistes radicaux ont trahi le véritable esprit du gaullisme, car de Gaulle n’était pas si anti-américain, si anti-libéral et si tiersmondiste qu’on veut aujourd’hui le faire croire.  Dans les cas graves, quand il le fallait, De Gaulle redevenait toujours l’allié des américains. Les gaullistes étaient anti-américains en apparence, mais ils demeuraient solidaires de l’Occident, contrairement à certains de leurs héritiers actuels, prêts à tout pour être bien vus des pires dictatures arabo-islamiques et pour « résister » aux impérialistes américains. De toutes façons, la Droite Libre incarne une droite décomplexée et moderne, capable de se libérer des références du passé, y compris du gaullisme, car nous sommes en l’an 2003. Il est temps de créer une nouvelle pensée pour la Droite, de réhabiliter les valeurs républicaines, libérales et laïques, en danger face au communautarisme et à la démission des élites de ce pays. La Droite Libre est résolument une droite décomplexée. Il est temps d’arrêter de se laisser culpabiliser par les donneurs de leçons de morale qui ressortent le spectre du fascisme ou du racisme dès que l’on défend des idées nationales, républicaines, libérales et de droite. Nous avons toujours milité dans des mouvements de droite et républicains parfaitement respectables aux côtés de parrains illustres précités, anciens résistants. Nous n’avons pas à avoir honte d’être de droite. Si être de droite, c’est défendre la République, la France, même une certaine idée patriotique,  le drapeau, la sécurité, les frontières, la défense de nos valeurs face à ceux qui veulent les agresser, il n’y a rien de mal à être de droite. C’est même être résistant. Il n’y a rien de pétainiste ou de collabo à être de droite. Donc “la Droite Libre “ veut dire une droite pleinement assumée, décomplexée. On peut être un homme de droite, de tradition et de liberté, sans forcément être un ultra-libéral excessif, du point de vue économique, on peut défendre parfois les Etats-Unis sans être un proaméricain stipendié par les conservateurs réactionnaires, on peut être un républicain acharné sans cesser d’être un démocrate, un laïque sans mépriser les religions, et lutter contre l’islamisme sans sombrer dans l’islamophobie ! D’une certaine manière, la Droite Libre peut même « progressiste ». Il a toujours existé en France, une droite populaire et progressiste. L’UMP se veut être d’ailleurs un mouvement populaire. Mais la Droite Libre incarne un mouvement autonome à l’intérieur de l’UMP, et ne se gène pas pour critiquer certaines positions de membres de l’UMP ou du gouvernement, lorsque cela s’avère utile pour l’intérêt de la République. Tout en étant loyaux, nous ne sommes pas du tout inféodés au gouvernement. Quand Sarkozy commet des erreurs ou au contraire va dans le bon sens, nous ne nous gênons point pour le dire haut et fort. On aime beaucoup Sarkozy sur certains domaines, mais quand il négocie avec les islamistes, nous disons “attention” danger.Ce qui compte le plus pour Rachid et moi est la défense de la République et de la laïcité, que nous trouvons être en danger en ce moment.

Même si ce mouvement “ni putes ni soumises” est plutôt de gauche, la Droite Libre a récemment appelé à rejoindre totalement les positions de ce mouvement qui défend la dignité des femmes et lutte contre le fascisme islamiste et les nouvelles formes de barbaries dans les banlieues. Nous cautionnons totalement ce qu’ils font et sommes à leur service. Malek Boutih a rejoint le PS, mais quand il dénonce le fascisme des petits “Le Pen de quartier islamistes”, comme il les appelle, Rachid et moi considérons que ce que fait Malek Boutih et SOS-Racisme est très intéressant. Nous sommes en revanche bien plus critiques envers des mouvements beaucoups plus orientés à l’extrême-gauche comme le MRAP qui confond lutte contre l’islamisme et arabophobie et banalise le fascisme et l’extrême-droite en fascisant tout le monde. Donc nous  n’hésitons à pas à saluer des gens de gauche quand ils font des choses bien et vice-versa. Nous ne sommes pas bornés, mais contre toute forme d’esprit idéologue partisan. Nous défendons la République. Si demain, c’est la gauche qui défend la République, nous serons de gauche. A l’heure actuelle, malheureusement ce n’est pas le cas. La gauche a plutôt trahi, à la fois Jean Jaurès et la République. La gauche de Jean Jaurès, la gauche de Chevènement à une époque, n’existent plus. On actuellement affaire à une gauche affairiste, communautariste, qui donne de plus en plus dans le pro-arabisme et le philo-islamisme électoral démagogiques, quitte à faire croire qu’il n’y a pas d’antisémitisme en France et à nier des actes scandaleux de néo- antisémitisme. Dès lors que les nouveaux antisémites sont des exotiques, des victimes du tiers-monde, des émigrés, on ferme les yeux. La Droite Libre à vocation à dénoncer aussi ce genre de démission. La Droite libre, qui a été fondée par deux Français issus de l’immigration et compte en son sain probablement plus de fils d’Afrique du Nord (Arabes, berbères ou pieds-noirs) qu’aucun autre mouvement, entend en finir avec le pseudo anti-racisme d’extrême-gauche, la politique démagogique et subversive de déresponsabilisation et de victimisation belligène des fils d’immigrés, génératrice de divisions entre Français et de futures haines inter-communautaires. Bref, nous en avons assez de « l’antiracisme » raciste, et de « l’antifascisme » des fascistes rouges ou verts, du terrorisme intellectuel des adeptes des totalitarismes en général.

 

C : Parmi les menaces contre la République qu’elles sont les principales ?

 

ADV : Rachid et moi pensons que le national n’est pas séparable de l’international. Or, au niveau international à l’heure actuelle, on a affaire à une véritable guerre des religions et des civilisations. Après le marxisme et la lutte des classes, après le nazisme et la lutte des races, nous avons affaire au troisième moment du totalitarisme : l’islamisme. La 3ème guerre mondiale, si elle a lieu, sera autour de l’affrontement entre d’une part les démocraties occidentales, essentiellement judéo-chrétiennes, d’autre part, les adeptes du holisme islamiste, de l‘écrasement de l’individu, tous ceux qui sont pour l’inégalité ... Le holisme anti-occidental est actuellement essentiellement porté par les Etats et organisations radicales islamiques, mais accessoirement aussi par certains systèmes asiatiques (Chine, Corée du Nord, etc) qui prônent toujours la soumission totale de l’individu au groupe, refusent la démocratie et les droits de l’homme au nom d’idéologies totalitaires. Dès lors qu’on est dans la soumission de l’individu au groupe, on s’écarte du libéralisme au sens philosophique et on rejoint le totalitarisme. Le totalitarisme est avant tout l’idée suprême au nom de laquelle on écrase l’individu dès lors qu’il est récalcitrant : c’est la négation totale de la liberté de conscience. Or, l’islamisme est, à l’heure actuelle, le système totalitaire holiste le plus universel, le plus efficace, au sens cynique du terme, et le plus criminel. On tue au nom de l’islamisme sur tous les continents. Dans tous les pays, jusqu’en Amérique Latine jusqu’à Cuba, des islamistes font de la subversion, constituent des bases-arrières en exploitant la naïveté et l’ouverture des sociétés d’accueil puis préparent des attentats ou fanatisent les jeunes Musulmans. Jusqu’en Argentine, des bombes explosent contre des intérêts chrétiens, occidentaux, israéliens, juifs etc.  En Afrique du sud, au Japon, en France, Allemagne, Italie, en Australie, en Israël, partout l’islamisme a frappé ou frappe. En Afrique noire, notamment au Soudan, l’islamisme est à l’origine de génocides, tandis que la Charià s’impose de plus en plus aux non-Musulmans eux-mêmes au Nigéria ou ailleurs. L’islamisme est entré en guerre contre les démocraties et contre tout ce qui n’est pas islamique. D’où le fait que les minorités, les femmes, les druzes, les chrétiens, les juifs, les noirs, les animistes, tous ceux qui ne sont pas rattachables à l’identité supérieure arabo-islamiques, sont victimes de ce rouleau compresseur totalitaire vert, porté à l’heure actuelle par l’Arabie Saoudite, par Ben Laden, par les Frères musulmans, par des pays comme le Pakistan, qui jouent un double jeu persistant.

Il existe un véritable danger planétaire. Or ce danger rejaillit sur la France, qui a 6 millions de musulmans dont une minorité active de radicaux qui s’élève déjà à plusieurs centaines de milliers de militants, prêts à tout pour fanatiser les Musulmans modérés et convertir les Infidèles. Ce noyau islamiste minoritaire radicale de 50.000 personnes activistes, 500.000 sympathisants, suffit à lui seul à réunir des milliers de personnes au Bourget et fanatiser petit à petit un certain nombre de beurs mal intégrés en surfant sur la délinquance, sur la misère sociale, les quartiers ...

Ca nous paraît extrêmement grave, car au nom d’un soit-disant droit à la différence, ces véritables totalitaires commandités par des puissances totalitaires islamistes extérieures, veulent, sous couvert de communautarisme, de droit à la différence, d’exotisme, tout simplement remettre en question les valeurs de la liberté, de l’égalité homme/femme, de l‘égalité entre les sexes, les races, les religions ...

Ca nous parait extrêmement grave. Voilà pourquoi on nous accuse peut être de trop en parler. Rachid Kaci et moi avons mis une grande partie de notre campagne sur le thème de la dénonciation de l’islamisme, car  à l’heure actuelle, ce ne sont pas les juifs ou les chrétiens qui veulent remettre en question la République. Les juifs ne sont pas prosélytes, ils sont très minoritaires ; les chrétiens ont renoncé depuis longtemps même à être à prosélytes, sauf les évangélistes protestants. A l’heure actuelle, Rachid et moi somme contre tous les religieux. Nous ne sommes pas les seuls, voir d’autres Madelin, Lelouche et même Chevènement, les laïques de tous les bords. A l’heure actuelle, l’islamisme est le système théocratique anti-laïque le plus efficace, de même qu’il est le système le plus anti-juif, le plus révolutionnaire, le plus anti-américain, anti-sioniste, également le plus anti-laïque et anti-républicain. Donc, c’est le danger fondamental sur le plan philosophico-idéologique.

 

C : Quel lien faites vous avec la question des femmes ?

 

ADV :  On assiste a une régression générale du statut de la femme observable dans les banlieues de l’islam. Je pèse mes mots : il y a une régression générale du statut de la femme qui, peut être l’avez vous analysé dans votre domaine, certes, n’est pas du au seul islamisme. La ré-islamisation des quartiers surfe sur une néo-barbarie qui elle n’a rien d’islamique, mais est simplement la force brutale. La femme est toujours victime de phénomènes de force brutale, mais l’islamisme cautionne, donne une légitimité théologique à un néo-tribalisme et une néo-barbarie dont la femme est la victime et dont les faibles sont les premières victimes en général. Donc il y a un lien au moins indirect.

 

C :  Pouvez vous nous parler de la façon dont les islamistes utilisent les affaires de foulard en France et dans le monde ?

 

ADV : Les affaires de foulard en France et dans le monde sont toujours un indice. La révolution islamique iranienne a commencé avec le leitmotiv du voile et les Moudjahidines du peuple que l’on présente aujourd’hui comme des victimes. Les moudjahidines du peuple étaient des islamistes de gauche et d’extrême gauche, aujourd’hui en guerre contre le régime de Téhéran. Ils ont fait la révolution islamique, Khomeiny était allié avec eux. Ces femmes, au nom du progressisme du tiers-monde, ont justifié le voile qui n’apparaissait pas comme rétrograde, mais au contraire comme l’émancipation de la femme. C’était la marque de fabrique du tiers- monde islamique. C’était la preuve que l‘on était non pas un occidental  judéo-croisé, mais quelqu’un du tiers-monde. C’est ça la grande force de l’islamisme : le foulard apparaît réactionnaire en Arabie Saoudite où la femme ne peut pas conduire, ne peut pas sortir ou chez les talibans, mais pas  dans d’autres sociétés où l’islamisme est plus subtil et plus teinté de gauche ou de tiers-mondisme comme en Iran qui n’est pas du tout l’islamisme des talibans. En Iran, les femmes peuvent avoir du pouvoir, dès lors qu’elles sont islamiquement correctes. Dans ces pays, en Egypte, en Iran, en Algérie, on voit des femmes islamistes aux premiers rangs. La stratégie est de faire croire que le foulard ne serait qu’une identité alternative. Porter le foulard, c’est l’identité orgueilleuse de la femme pure du tiers-monde qui se différencie de la femme bourgeoise pervertie du monde capitaliste et infidèle. Donc, il y a quelque chose même qui, faussement, apparaît être progressiste.

Dans les pays non islamiques, la stratégie est similaire. On surfe sur le « droit à la différence », sur  l’identité alternative, “vous, vous pouvez voir la mini jupe et bien moi, j’ai le foulard. Chacun son truc, il y a la femme pute et la femme islamiste”. C’est vulgaire ce que je dis, mais c’est un petit peu le discours des islamistes des banlieues.

Là-bas ou ici, la phobie principale d’un homme musulman, c’est de voir passer sa soeur ou sa fille sous le pouvoir infidèle du non-musulman. Or le voile permet de rendre en quelque sorte interdite la propriété féminine islamique. Comme le machisme est intrinsèque dans l’islam, la femme musulmane appartient au musulman et pour montrer qu’elle est sa propriété, le musulman la voile et donne un signe politique : “cette femme-là est islamique, ne pas toucher, elle n’a aucune liberté de conscience, elle est l’appartenance du musulman, elle ne peut épouser qu’un musulman, ses enfants seront musulmans “.

Si elle passe sous juridiction infidèle (ce qui prouve que la femme n’est qu’une propriété), il y a une sanction : la peine de mort en Islam. Donc c’est quand même bien plus grave qu’on ne le pense. Le foulard islamique est la marque de fabrique de la femme islamique, non occidentale, la femme non juive et non chrétienne, la femme pure non athée et non païenne. Il faut savoir que dans les manuels islamiques des Frères musulmans, la femme voilée est le contraire de la femme juive, qui, elle, serait fornicatrice et aguicheuse. Ce sont les textes mêmes de Youssef Qaradawi dans l’ouvrage, « Le licite et l’illicite ». La stratégie islamiste consiste également à surfer sur le machisme. Un machisme qui a tendance à être combattu, malgré tout, par une certaine émancipation des femmes et les médias, le culte du corps, etc. Les islamistes s’adressent aux hommes frustrés qui voient leurs femmes leur échapper, avoir le droit de forniquer avec qui elles veulent, car ça fait partie des droits, et font passer le message suivant : “ voile ta femme, elle ne fera pas ce qu’elle veut, elle restera ta propriété, ta chose, personne ne la regardera, personne ne la touchera “, avec l’islam, tu redeviendras le patron. Donc, on surfe sur un machisme très profondément ancré chez les peuples méditerranéens et surtout chez les peuples musulmans qui voient la maghrébine totalement soumise au bled et totalement libérée ou libérable en France républicaine. Vision et décalage insupportable pour beaucoup. L’islamisme, dans sa stratégie du voile, surfe sur la frustration de l’homme musulman ou de l’homme machiste en général, qui voit son statut de patron/homme régresser depuis plusieurs décennies et avec l’influence de la culture américaine. Malgré tout ce qu’on peut dire sur la survivance du machisme, quand même le véritable souverainisme machiste a régressé ces 50 dernières années ...

                     L’un des principaux biais utilisés par les islamistes est, à mon avis, le relativisme philosophique et l’indifférence des sociétés d’accueil occidentales: “Chacun son truc, il y a ceux qui se percent les oreilles, le sexe, ceux qui mettent des mini jupes et celles qui mettent le voile”. Les islamistes précisent cependant que le foulard est moins grave que la femme habillée de manière exhibitionniste qui risque se fait violer. A la limite, on nous dit que le foulard est tout simplement un « droit à la différence », mais aussi la possibilité pour les femmes de s’émanciper, puisque dans certains cas et dans certains pays, le port du voile permet à la femme d’avoir le droit de sortir. On utilise le fait qu’un machisme ambiant fustige la femme découverte pour vous expliquer justement que pour qu’elle puisse se libérer et être respectée en tant que femme et pas uniquement en tant qu’objet sexuel, elle doit porter le voile. Ici, le foulard n’est vu comme une régression, mais au contraire ce qui permettra à la femme d’aller étudier, travailler, sortir de son foyer sans être violée, traitée de pute ou sans que l’on regarde son cul. Ce qui est très fort est que, alors que le foulard est l’instrument du néo-machisme et de l’anti-féminisme pur, les islamistes nous font croire qu’il est le contraire de ce qu’il est : un instrument d’émancipation pour la femme qui, dans les banlieues, voit son statut régresser justement face à la pornographie et au machisme néo-barbare. C’est un machisme qui est en concurrence avec une autre forme de machisme. Il y a le machisme typiquement occidental hédoniste, qui montre la femme totalement sexuelle et qui est vilipendé par le machiste pudique de l’islam, qui entend « lutter contre ce machisme bestial et pornocrate” .C’est très subtil car l’islamisme utilise la caricature d’une autre forme de machisme pour lui-même apparaître progressiste. Voilà pourquoi même les féministes ne luttent pas souvent contre cette forme de machisme, qui plus est légitimée puisque portée par un totalitarisme exotique, apparemment anti-raciste donc progressiste par logique anti-colonialiste.

 

C :  Jusqu’où cela peut il peut aller en Europe ?

 

ADV : Ça peut arranger tout le monde, mais je pense que c’est déjà accepté partout. A part la France, le voile est autorisé partout en Europe. En Turquie ou en Tunisie, le voile est moins bien vu qu’à Londres, en Italie ou en Suisse donc c’est déjà accepté. Le voile, au nom du relativisme culturel, du multiculturalisme dévoyé (j’ai un chapitre dans mon livre sur le dévoiement de la notion de  pluralisme et de pluriculturalisme) est déjà accepté. On est 10 fois plus islamiste en Occident qu’en Tunisie ! Ce n’est pas parce que mes parents on vécu en Tunisie, et que j’aime ce pays que je prends cet exemple, mais ça m’intéresse d’y retourner parce que je me rends compte que la femme tunisienne à certains égards est plus combative et féministe que la femme française. Elle considère le voile comme beaucoup plus dangereux dans les lieux publics. On a plus toléré le voile dans les lieux publics en France et encore plus dans le reste de l’Europe qu’à Istanbul ou à Tunis ; ça me paraît dramatique ; on a déjà laissé tomber les femmes, comme on a laissé tomber les Juifs, deux premières minorités victimes prioritaires, si j’ose dire, de l’islamisme.

Les femmes et les juifs, ce sont deux catégories différentes, mais les minoritaires sont souvent ceux que l’on largue en premier, c’est la marque de tout totalitarisme. De même que l’arabo-islamisation progressive de France suscite un certains nombres de courants à gauche et à droite qui appellent à “laisser tomber l’électorat juif au profit de l’électorat arabo-musulman”, de même un néo-machisme et une néo-barbarie progressent dans les sociétés occidentales qui régressent civiquement et philosophiquement. On entend : “si il y un conflit entre le statut de la femme et la xénophilie ou le tiers-mondisme, on va laisser tomber la femme au profit de quelque chose qui rapporte plus encore. Puisque que l’Europe et l’occident sont gagnés par le relativisme et le tiers-mondisme, le néo-islamisme, l’islamophilie voire même le pro-islamisme, et bien préparons l’avenir et sacrifions les femmes “.

Je ne pense pas qu’on a sacrifié les femmes, je n’irai pas jusque là, mais il y a un conflit de statut entre la victime/femme et la nouvelle victime du tiers-monde. De même qu’on a laissé tomber la victime juive au profit de la supposée victime palestino-arabo-musulmane, la victimologie de la femme risque d’être concurrencée en quelque sorte par la victimologie du tiers-monde qui, lui, véhicule des valeurs fondamentalement machistes. Le tiers-monde arabo-musulman est fondamentalement anti-féministe et machiste, donc dès lors que l’on veux séduire le tiers-monde, on se tiers-mondise. L’Europe se tiers-mondise. Ce n’est pas un jugement, mais l’émigration fait que l’Europe change sociologiquement. Les moeurs machistes et intolérantes, qui avaient été chassées car elles existaient chez nous, qui avaient été légèrement ou plus ou moins combattues dans notre propre société, reviennent aujourd’hui paradoxalement par la porte si « progressiste » et politiquement correcte de l’immigration et de la xénophilie.

 

C : A votre avis ça peut aller jusqu’où l’islamisme en Europe ?

 

ADV : Dès lors qu’on aura dans la plupart des pays européens, dans 60 ou 100 ans, une jeunesse composée majoritairement de jeunes musulmans, on aura une islamisation des moeurs, des lois et même de l’Etat un jour ou l’autre. On peut imaginer des Etats ou des régions sous juridiction islamique dans 100 ans. ça paraît beaucoup 100 ans mais ce n’est rien  - Nos petits enfants connaîtront ce qui se passera dans 100 ans ou dans 70 ans.

On a une chance de renverser la vapeur, mais espérons que ça va se faire vite. Car qui croit encore dans la démocratie laïque et dans les valeurs républicaines occidentales? J’ai conclu mon livre avec Platon pour rappeler que nous sommes dans la phase pervertie de la démocratie, une phase démagogique, chaotique, inquiétante, marquée par l’éviction totale du sens de la collectivité, des valeurs et du civisme. Dès lors, nous sommes dans une démocratie déresponsabilisée où le bien commun et l’esprit civique ont été évacués au profit de l’électoralisme, de la démagogie, du culte de l’individu et de la déligitimation de l’Etat-nation républicain.

Ce qui fait la civilisation, c’est entre autre l’Etat Nation républicain où tout le monde est en blouse blanche ; la loi est la même pour tout le monde et la seule violence acceptable est la violence légitime des forces de l’ordre de l’Etat. Le contraire de la guerre de tous contre tous et de la loi du plus fort. Or ce type de civilisation est en pleine régression en Occident et en particulier en Europe. Dès lors que l’Etat renonce au monopole de la violence légitime et où l’on voit poindre la néo-barbarie et la violence dans la société civile, ceci parallèlement à la montée des tribalismes et des communautarismes, il ne faut pas s’étonner. Parallèlement on doit de plus en plus faire face à la démagogie de l’homme politique qui a pour seul but d’être élu, quitte à renoncer à ses propres valeurs démocratiques, quitte à aller pactiser avec les pires fanatiques fondamentalistes comme les frères musulmans ; c’est ce que fait l’Etat à l’heure actuelle. On ne peut pas véritablement être optimiste. On est en train de brader la démocratie en tant que valeur au profit de la démocratie en tant que formalisme électoraliste. Or, la démocratie ne se résume pas aux urnes : Hitler a été élu démocratiquement. L’élection n’est que sa partie formelle, le résultat ultime de la démocratie. Avant de s’incarner dans des élections libres, la démocratie est portée avant tout par des idées, des valeurs : suprématie de l‘individu sur le groupe, égalité des races, des religions et de sexes, et autonomie de l’homme vis-à-vis de la théocratie. Les valeurs de la démocratie sont foncièrement laïques, égalitaires et libérales. A partir du moment où l’on brade ces valeurs ou même une d’entre elles, tout en restant démocrates formellement vis-à-vis des élections, on s’éloigne déjà philosophiquement de la démocratie libérale qu’a connu l’Occident après avoir vaincu les démons du totalitarisme. Les démocraties sont en train de scier l’arbre sur lequel elles sont assises. Et les totalitarismes, brun, rouge et vert, reprennent partout du poil de la bête.

 

C :  Que pensez vous de la « convergence des verts et des bruns » ?

 

ADV : Le fascisme a été combattu depuis 1945, heureusement, mais le fascisme a été combattu lorsqu’il s’est exprimé au nom de l’homme blanc chrétien ou judéo-chrétien, en gros le white occidental. Dès lors que le fascisme est porté cette fois-ci par des « victimes » du tiers-monde et qu’il se solidarise avec les Palestiniens ou avec l’Irak, l’Iran, avec le Hamas, Ben Laden, le Hezbollah, ou que sais je ... il cesse d’être combattu aussi vigoureusement. D’ailleurs, ce n’est plus le fascisme que les Occidentaux combattent aujourd’hui, mais plutôt , au nom de la haine de soi, tout ce qui a trait à la civilisation « blanche judéo chrétienne occidentale, globalement assimilée aux démons passés, soumise à la reductio ad hitlerum et délégitimée par la culpabilisation permanente et le détournement de Mémoire, notamment la mémoire douloureuse de la seconde guerre mondiale, instrumentalisée par les fascistes rouges et verts anti-occidentaux. Il y a eu une convergence entre l’anti-fascisme légitime et la haine de soi de l’homme blanc judéo-chrétien occidental qui voulait en découdre avec lui-même. Dès lors qu’on est animé surtout par une haine de soi, ce n‘est plus véritablement le fascisme en tant que tel qui est détesté mais uniquement le fascisme véhiculé par l’homme blanc judéo-chrétien occidental. D’où l’impunité incroyable dont bénéficient les Islamistes, les nationalistes arabes et du tiers monde les plus anti-occidentaux et les plus racistes. Or, à mon sens, si les bien pensants de gauche et autres étaient véritablement progressistes, cohérents, ils seraient tout autant opposés au fascisme des islamistes qu’à celui des Sharon ou des Haïder. Etonnamment, autant les fascistes et les antisémites sont combattus lorsqu’ils sont blonds aux yeux bleus ( et l’on a raison de les combattre !), autant ils sont tolérés lorsqu’ils sont du Hezbollah, du Hamas, Ben Laden ou qu’ils s’expriment au nom des victimes arabo-musulmanes ... Tuer le juif, c’est très bien vu quand vous êtes d’Action Directe ou que vous vous réclamiez des Palestiniens, des Irakiens ou des Brigades rouges. N’oublions pas que les mêmes organisations anti-fascistes comme Rasl’Front en France ou la revue Réflexe, n’hésitent pas à demander la libération de véritables criminels de juifs d’Action Directe dans les colonnes de leurs revues antisionistes... Pourtant, Action directe est le mouvement, avec Carlos et les Brigades Rouges, qui a fait couler le plus de sang juif depuis la deuxième guerre mondiale. Ce qui est intéressant de voir est que les mêmes anti-fascistes qui se disent judéophiles d’un côté, n’hésitent pas à se solidariser avec les mouvements qui, depuis 1945, ont tué le plus de juifs, même parfois uniquement parce qu’ils étaient juifs, ceci sous couvert d’anti- sionisme ...  On a vu des textes d’Action Directe ou de Carlos qui ne relèvent pas du simple anti-sionisme progressiste anti fasciste, mais qui relèvent de la judéophobie d’extrême gauche anti-capitaliste avec la théorie du juif comploteur et du Protocole des Sages de Sion. Dans Action Directe, il y a une branche ouvertement judéophobe, comme Marx, Sorel ou Blanqui pouvaient être judéophobes.

On a cru qu’on était antifasciste en occident parce qu’on a condamné le racisme de l‘homme blanc mais ce n’est pas le racisme qu’on a condamné c’est l’homme occidental uniquement et là on s’est trompé. Ce qui est mauvais n’est pas le racisme de l’homme blanc mais le racisme tout court. Quand des blacks muslim disent “vive Hitler, black is beautiful et les white faut leur casser la figure », ces « races inférieures et dégénérées » (discours du mouvement black muslim toléré en France, nommé The Nation of Islam)“, on tolère une forme exotique mais bien réelle de fascisme et de racisme. Les Black Muslim de nation of Islam de Louis Farakhan est un mouvement ouvertement pro-khomeyniste, anti-blanc, anti-chrétien, anti-juif et même pro-hitlerien, ce qui est paradoxal parce qu’Hitler était antinoir, mais enfin ... ce mouvement est toléré dans tous les pays occidentaux comme s’il valait mieux que Lepen ou Haïder. Aucun groupuscule d’extrême gauche n’a à ce jour organisé de manifs anti-racistes contre les Blacks Muslim qui véhiculent une idéologie fasciste black ; de même pour le fascisme arabe. La principale organisation dite « anti-raciste » pro-arabe en France, le MRAP, liée structurellement au parti communiste et animée par des agitateurs musulmans antisionistes d’extrême gauche, n’a jamais organisé la moindre manifestation d’indignation contre les formes arabo-islamistes de racisme et d’antisémitisme. Le MRAP a même manifesté aux côtés de militants pro-Hezbollah et pro-irakien criant « mort aux Juifs et à Israël » dans les rues de Paris… Il y a racisme et racisme.

Monsieur Semprun, fameux ministre communiste espagnol disait : ““L’erreur c’est d’accepter le fascisme arabe alors qu’on condamne le fascisme judéo-chrétien ». Or, le fascisme arabe n’est pas préférable au fascisme judéo chrétien  - le fascisme en tant que tel est mauvais “. Donc la haine de soi anti-occidentale du communiste fait que finalement le rouge déteste le fasciste, mais dès lors que ce dernier est arabo-musulman, solidaire des victimes du tiers-monde et des palestiniens , il y a exonération ou rapprochement. D’où les liens entre sites internet d’extrême-gauche, le MRAP et des sites négationnistes pro-palestiniens.

 

Vous avez parlé de brun/vert, mais il n’y a pas que brun/vert, il y a aussi brun/vert/rouge.

 

Les islamistes, les communistes et les nazis, à l’heure actuelle, convergent vers une même détestation d’Israël, de l’Amérique, du judaïsme, du sionisme et de l’Occident en général, des valeurs démocratiques judéo chrétiennes de l’occident ... Vous savez que Lévinas disait “l’Occident c’est la Bible plus les Grecs”, bref, le monothéisme judéo-chrétien, plutôt, et la philo grecque. C’est tout cela que veulent détruire les islamistes, les communistes et les nazis. C’est pour cela que vous avez beaucoup de nazis qui se convertissent à l’islamisme. Le dernier en date étant David Myatt, chef de file du mouvement nazi anglais et référence des Skin britanniques. Récemment, Myatt a même été officiellement reçu dans la mosquée salafiste londonienne de Finsburry Park par l’un des porte-parole officieux d’Al Qaïda en Europe, Omar Bakri Mohammad… La chose est d’autant plus inquiétante que Myatt est l’auteur de deux manuels de terrorisme. A la fois extrêmement érudit philosophiquement et militairement, cet homme particulièrement dangereux est suivi de prêt par le MI6 anglais (services de renseignements). Il suffit d’aller sur le site de Myatt (The Myatt Page), pour constater qu’ il se vante maintenant d’être un « nazislamiste ». Des révolutionnaires terroristes d’extrême droite italiens comme le groupe de Claudio Mutti, dans le nord de l’Italie, ont suivi le même parcours avant Myatt. Ouvertement lié au terrorisme d’extrême droite dans les années 70-80, le groupe de Claudio Mutti, alias Omar Amin, a rejoint l’islamisme iranien après avoir flirté avec la révolution lybienne. Rappelons que Mutti a choisi son nom de converti, Omar Amine, en mémoire du dignitaire nazi Johannes Von Leers, lui-même devenu musulman lorsqu’il trouva refuge en Egypte sous Nasser en tant que responsable de la propagande anti-juive. Myatt comme Mutti rappellent les figures emblématiques des « islamo-nazis » que furent Von Leers ou le grand Mufti de Jérusalem, Al Hadj Al Husseini, l’oncle même d’un certain Yasser Arafat, ami d’Hitler et initiateur des légions de Waffen SS musulmanes croato-bosniaques et albanaises sous la seconde guerre mondiale. Rappelons d’ailleurs aux lecteurs de BHL et autres admirateurs d’Izétbégovitch et des moujahidines bosniaques ou albanais anti-serbes que les divisions des croates, des bosniaques et des albanais durant les guerres des années 90 en ex-Yougoslavie, il y a 10 ans à peine, reprenaient exactement les noms de la seconde guerre mondiale : division Anshar les Waffen SS Anshar ou skandenberg. Tout cela est extrêmement inquiétant, une convergence et une exacerbation du phénomène islamo- nazi partout en occident. De même le dernier livre du terroriste pro-palestien Carlos appelant tous les révolutionnaires marxistes et nationalistes à embrasser l’islam et rejoindre Ben Laden… De plus en plus de groupuscules d’extrême gauche se convertissent à l’islamisme ou appellent à rejoindre Ben Laden ou le Hezbollah. C’est également le cas des Brigades Rouges italiennes qui, dans une déclaration officielle de son cerveau, Desdemone Lioce, demandent aux terroristes rouges de se solidariser avec la résistance des Talibans et des Irakiens, tous engagés dans une même lutte contre l’impérialisme yankee capitaliste... On peut citer l’engagement ultra-antisioniste et pro-palestinien de l’ancien idéologue des Brigades rouges, Toni Negri, aujourd’hui l’un des chefs de file du mouvement anti-mondialisation, et ayant lui aussi lancé des appels de solidarité avec des mouvements islamistes. Quant à José Bové, il ne s’est pas gêné pour dédouaner les islamistes à plusieurs reprises. Sans oublier l’ex rouge néo-révisionniste converti à l’islamisme, Roger Garaudy…

...  Dans le registre rouge brun vert, on peut citer également, la nébuleuse de Radio islam, qui incarne la convergence parfaite entre les néo nazi suédois, révisionnistes français et américains d’extrême droite ou d’extrême-gauche, et les islamistes pro-iraniens ou Hezbollah. Tenu par un islamiste marocain qui a fait un coup d’Etat contre le roi du Maroc avant d’être accueilli en Suède en tant que réfugié politique, ce mouvement a contracté une alliance officielle et étroite avec le groupe pro-nazi célèbre dit « de Malmö », qui a des entrées dans tous les pans de la société dans l’Europe du nord. Partout en Europe, il y a des convergences entre les rouges, les verts et les bruns.

J’ai constaté que la plupart des convertis à l’islamisme en Europe ou en Amérique, viennent de l’extrême gauche ou de l’extrême droite parce qu’ils ont les mêmes haines. A l’heure actuelle, sur le marché mondial de la haine anti-juive, anti-occidentale, anti-sioniste, anti-américaine et anti-femmes, bien sûr, les islamistes sont salués comme les meilleurs, les plus efficaces. Tous les machistes de tous les bords se disent “ce sont les machistes, pour reprendre un terme machiste, les plus virils, ceux qui ont le plus « de couilles », le plus de courage”. Ils osent défier les américains, les israéliens, Sharon, Bush, Romsfeld et on les retrouve tous à Bagdad. Pendant  la guerre d’Irak, on a retrouvé des militants d’extrême gauche et d’extrême droite avec des islamistes allant soutenir le dictateur Saddam Hussein. Les mêmes ont soutenu le Hamas, le Hezbollah dans des manifestations en criant “mort aux juifs”. Tout cela est très inquiétant : régression du statut de la femme, convergence des totalitarismes, conversion à l’islam dur de militants d’extrême droite ou d’extrême gauche et convergence des phénomènes révolutionnaires.

 

C : Peut-on parler d’un discours génocidaire islamiste par rapport aux juifs ?

 

ADV : On nous a fait croire, dans un syllogisme terrible, que « Sabra et Chatila est le summum de la barbarie.  Or Sabrah et Chatila, c’est Sharon, Sharon, c’est Tsahal, Tsahal, c’est la nouvelle armée du mal or, l’armée comme l’Etat-nation, est le Mal par essence », pour le trotskisme et la pensée d’extrême-gauche. N’oublions pas que l’extrême-gauche a toujours été ambivalente vis-à-vis des Juifs, qu’elle aimait lorsque leur douleur était par eux exploitable à merci, quand il était apatride, et sa mémoire douloureuse instrumentalisable pour déligitimer l’Etat nation. Mais Dès lors que le juif redevient national, à la tête d’un Etat, d’une armée, d’un uniforme, il est lui aussi nazifié, fascisé, raciste, colonialiste, impérialiste, bref justiciable de toutes les tares. Puisque, pour les gauchistes, nazisme, nationalisme, frontières et uniforme, son t une seule et même chose, dès lors que vous êtes pour l’Etat nation, vous êtes déjà fasciste. A partir de là, si Israël est le nouveau fascisme, les juifs sont tous des fascistes, puisqu’ils sont presque tous solidaires d’Israel. Bref, les vrais nouveaux nazis, ce sont les juifs. Donc si les nazis, ce sont les juifs, les vrais juifs, ce sont les palestiniens et les arabo-musulmans, puisque victimes des fascistes Israéliens. A partir de là, le discours éradicateurs de Juifs des islamistes n’apparaît pas comme un discours judéo-phobe génocidaire, mais comme un discours résistant de lutte contre le véritable nazisme. Casser la gueule à un nazi, c’est quand même finalement tout à fait noble. Casser La gueule à Hitler, même mitrailler Hitler de la manière la plus barbare, ça passe toujours, même si ce n’est pas très pacifique. L’islamiste se pose comme le nouveau juif et le nouveau résistant. Tandis que le judéo-sioniste ou l’israélien et l’occidental en général, sont les nouveaux nazis.

De là, un discours génocidaire réel des islamistes au niveau mondial. Ils ont porté récemment le plus haut en couleur, le plus efficacement et le plus violemment l’idée néo judéo-phobe. Les nazis et les antisionistes d’extrême-gauche du monde entier n’ont pas pu s’empêcher de saluer leur « bravoure » ou de se réjouir plus ou moins secrètement. Ce discours génocidaire est considéré non pas comme génocidaire, mais réactif. Ce serait un discours, certes destructeur, mais qui ne vise qu’à réparer une agression première illégitime,  le génocide des palestiniens et le génocide du tiers-monde par le judéo-croisé.

 

C : Quand on entends des imams crier “ tuez des juifs tuez des juifs”, on n’entend pas ...

 

ADV : On entend, mais comme Sharon est devenu synonyme de nouveau nazi, tuer un nazi, cela paraît normal, progressiste. Ben Laden est explicite : “tuez les juifs partout où vous les trouverez” ; le discours de Hamas est explicite, c’est le discours du Protocole des Sages de Sion qui est carrément recopié dans les statuts du Hamas ; le discours du Black Muslim américain, c’est le recopiage du discours d’Hitler. On appelle d’ailleurs Louis Farakhan “le Hitler noir”. Partout dans le monde, les islamistes sont le meilleur véhicule d’un nouveau nazisme avec un projet de destruction de masse. Voilà pourquoi je dis que l’islamisme n’est pas un intégrisme, mais une idéologie de destruction de masse. Le troisième totalitarisme. Or, quand vous enseignez la haine et l’idée selon laquelle il faut tuer tous les juifs, forcément, un jour ou l’autre, vous allez réaliser cette haine. Ce n’est qu’une question de temps pour qu’un projet génocidaire en action succède à un projet génocidaire en idées. A force d’enseigner la haine, elle finit par s’appliquer. C’est comme le discours sur les « putes et les salopes » : à force de dire que telle femme est une pute si elle a le nombril à l’air, on finit par trouver normal de la brûler vivante et on est solidaire des bourreaux machistes-arabo-musulmans dans le quartier, ainsi qu’on l’a constaté avec effroi récemment en banlieue parisienne lorsque les forces de l’ordre ont été conspuées par des masses de « jeunes » muslims solidaires du brûleur de salope récalcitrante. Nous sommes déjà là en pleine néo-barbarie. Aucun discours n’est innocent. Pas plus que les actes. Donc pour répondre plus clairement à votre question, on a mis en oeuvre le génocide des chrétiens et de juifs. En Afrique noire, c’est clair. En Afrique du nord aussi. Il y a des pays où les juifs ne peuvent plus même séjourner : Enrico Macias, comme les juifs du Maghreb, n’ont plus le droit de séjourner en Algérie ; les juifs du Yémen n’ont plus le droit d’aller au Yémen ; les juifs d’Arabie Saoudite, depuis déjà le moyen âge, n’ont plus le droit d’y séjourner. Les juifs de Syrie sont interdits ou prisonniers sur place, pour ceux qui restent. Il ne reste des juifs libres qu’en Tunisie et éventuellement un peu au Maroc, mais de moins en moins. Il existe parallèlement un projet génocidaire envers les chrétiens : les coptes chrétiens en Egypte sont génocidés de manière diffuse ; les libanais chrétiens ne le sont pas encore parce qu’ils ont encore l’armée et la présidence sous leur contrôle, mais le programme ouvert des chiites au Liban et des sunnites est d’islamiser le Liban et d’éjecter les chrétiens Libanais. Partout dans le monde, il a un projet pré-génocidaire voire génocidaire, qui vise à liquider l’hindouiste, le païen, l’animiste, le juif, le chrétien, et même le musulman athée. Après l’aire des purifications ethniques, voici venue celle des purifications religieuses ou ethno-religieuses, ce qui revient exactement au même.

N’oublions pas que les Musulmans sont les premières victimes de ce projet génocidaire. Ce ne sont pas les musulmans contre les non-musulmans, ce sont les adeptes du totalitarisme islamiste contre les non et les mauvais musulmans. Les premières victimes des Talibans, ce sont des musulmans modérés et les femmes musulmanes. Les premières victimes du terrorisme algérien du GIA sont des musulmans algériens. Rachid Kaci est petit-fils d’imam et le peuple kabyle lutte contre l’islamisme. Pourtant, les Kabyles sont musulmans. La région où il y a le plus de mosquées en Algérie, c’est la Kabylie, qui, pourtant, est la première victime de l’islamisme. Donc, ce n‘est pas les musulmans contre les non musulmans, mais un nouveau nazisme contre tout ce qui est réfractaire à ce projet néo« nazislamiste ». Tous ceux qui veulent faire obstacle à l’idée selon laquelle la charia doit s’appliquer et le califat rétabli sont considérés comme des traîtres, de mauvais musulmans ou des infidèles et doivent être tués. La grande habileté des islamistes est qu’ils sont de véritables nazis qui ont recopié Mein Kampf et les Protocoles des Sages de Sion. Mais sachant que cela fait mauvais effet et que mieux vaux avoir l’air d’extrême gauche, ils sont en quelque sorte bruns à l’intérieur, recouvert, comme la pastèque, de vert à l’extérieur, mais aussi de rouge. De rouge pour avoir l’air progressiste et de vert pour avoir l’air exotique, tiers-mondiste. Mais à l’intérieur ... je me demande même parfois s’ils sont encore musulmans. Les véritables leaders de l’islamisme sont surtout de véritables nazis, totalitaires, ont été fascinés pas Hitler pendant la 2ème guerre mondiale. Le grand Mufti de Jérusalem, avant même d’être musulman, détestait les juifs comme aucun musulman ne les avait détesté.

Il faut savoir qu’avant la création d’Israël en 1945, avant l’accointance entre les Frères musulmans, le grand Mufti et le nazisme, l’antisémitisme arabe existait, mais il n’avait jamais été aussi loin que l’anti-sémitisme nazi. Ce sont les nazis qui ont contaminé les monde arabo-musulman et, sous couvert d‘anti-sionisme en réagissant à Israël, il y a eu une nazification des consciences arabo-musulmanes qui a fait que le monde musulman est aujourd’hui, hélas, défiguré. Il n’est plus reconnaissable. Le musulman, qui tolérait plus ou moins le juif, ne le tolère même plus. Même en tant que citoyen de seconde zone. Certes, l’Islam orthodoxe peut être intolérant, mais il ne va pas jusqu’à dire “tuez tous les juifs” ; il dit “soumettez les”. Ce n’est pas formidable, mais l’islamisme va bien plus loin encore que l’Islam classique ne le permet.

L’islamisme est l’orthodoxie musulmane intolérante, multipliée par le nazisme, multipliée par la revanche du tiers-monde et multipliée par l’anti-sionisme, le néo machisme barbare et la misogynie. Les gens qui vitriolent les filles dès qu’elle ont les cuisses à l’air, sont de véritables psychopathes misogynes. Ce ne sont même pas des musulmans intégristes. On a affaire à un véritable totalitarisme de psychopathes qui légitiment leur soif de haine et de pouvoir avec un semblant de doctrine islamique qui, effectivement, existe et sur laquelle ils tentent d’asseoir leur légitimité, car dans certains textes de l’orthodoxie musulmane, malheureusement bédouine, on retrouve de véritables appels à la haine ou à la barbarie. L’islamisme ce n’est pas seulement les Talibans, une version arriérée, c’est un système très moderne révolutionnaire, qui ressemble beaucoup plus à ce que proposait Khomeiny. C’est la revanche du tiers-monde au nom de l’islam. Ca fait beaucoup plus autochtone : « l’islam est notre religion face aux colonisateurs et aux sionistes qui nous ont humiliés » affirment les islamistes. Comme Hitler qui voulait venger l’humiliation du traité de Versailles, les islamistes veulent venger l’humiliation du monde arabo-musulman par ces Occidentaux qui ont amené la laïcité, les femmes libres et Israël avec un pouvoir non musulman. Mettez-vous à la place d’un orthodoxe musulman pour comprendre sa mutation totalitaire : au départ, il y a trois grandes inégalités : l’esclave, le non-musulman et la femme. Or, tout à coup l’idéologie progressiste venue d’occident dit qu’il n’y a plus d’esclave, ni de femmes inférieures, ni de non-musulmans inférieurs. On est égaux. C’est l’horreur absolue et l’intégrisme islamiste originel, qui tolérait malgré tout ces trois inférieurs, mais en tant qu’inférieurs, face à la révolte de l’ancien inférieur qui veux devenir égal, opère une mutation totalitaire L’ancien supérieur dit : “ha vous vous rebellez ! on va carrément mettre fin à votre rébellion en vous éliminant”. C’est ça l’un des secrets de la mutation totalitaire de l’islamisme: une orthodoxie islamique qui s’est sentie bafouée et humiliée et qui, par exacerbation et réaction chaotique et convulsive, est devenue totalitaire dans un contexte général réceptif et propice aux rancoeurs qu’est le mouvement anti-colonial et de réaction à< l’impérialisme et au sionisme. C’est quelqu’un qui est devenu devenu criminel parce qu’il se sent humilié et frustré. C’est le retour du refoulé identitaire islamiste supposé humilié par une horrible agression judéo-croisée, judéo-sioniste, colonialiste et libérale laïcisée. Ataturk est donc tout naturellement la bête noire des islamistes : il était alcoolique, franc-maçon, laïciste et, de plus, proche des Juifs de Salonique. L’horreur absolue. Celui qui a aboli le califat, Mustafa Kemal Ataturk, est mort d’une cirrhose du foie et il a libéré les femmes, interdit l’alphabet musulman, supprimé la charia, coupé les barbes et interdit le voile. L’horreur absolue ! Mais il n’était pas occidental, il était nationaliste turc. C’est d’ailleurs à mon avis quelqu’un de très dictatorial aussi, mais il est considéré comme une ordure par tous les islamistes parce qu’il a voulu désislamiser le monde musulman dans ce qu’il y a de positif pour mieux émanciper l’islam. N’oublions pas que Ataturk, comme Bourghiba et les femmes libérées pakistanaises ou égyptiennes au début du siècle, ont eu comme premier cheval de bataille, l’abolition du voile. De même que les grands réformateurs du monde musulman ont eu pour première exigence d’interdire le voile, que ce soient des femmes ou des hommes, mais des modernistes en général ;  inversement à chaque fois qu’il y a une régression, c’était par le retour du voile. Quand on abolit le voile, c’est le signe de l’évolution de l’islam et il y a eu beaucoup de mouvements dans ce sens. Inversement, quand le voile réapparaît, c‘est très mauvais signe : le signe du retour du totalitarisme islamiste.

 

C : Ce qu’on entend beaucoup dire, c’est que la révolution khomeiniste  a eu lieu parce que le Shah a voulu supprimer le voile

 

ADV : Le Shah avait des travers bien sur mais ... Khomeiny avait surtout comme phobie d’empêcher les femmes de s’émanciper. Le Shah avait comme projet la révolution blanche, c’est-à-dire donner les terres aux propriétaires individuels, pour permettre l’émancipation des ouvriers et futurs propriétaires terriens, alors que le clergé chiite possédait une grande partie des terres. C’est pour ça que le clergé a refusé la révolution blanche du Chah, parce que Khomeiny voyait comme une frustration le fait que les terres soient distribuées. Le Shah avait fait des erreurs et Khomeiny a surfé sur ces erreurs. Mais le Shah voulait libérer les femmes et c’est la limite qu’il n’aurait jamais dû franchir s’il voulait rester au pouvoir. La limite à ne pas franchir en Islam, même quand vous êtes un roi plutôt aimé par le peuple, c’est de donner trop de droits aux femmes, aux esclaves, aux chrétiens ... Quand vous voulez abolir l’une des trois grandes inégalités, en terre d’Islam, vous avez obligatoirement une réaction violente. En tout cas en l’absence d’une réforme théologique de l’islam officiel qui continue hélas d’enseigner les inégalités et le jihad aux fidèles. Partout où on a voulu abolir l’une de ces 3 grandes inégalités ou les 3, la réaction a été terrible. Quand Ataturk a oeuvré pour la réforme de l’islam, interdit le foulard et aboli le khalifat, toutes les grandes confréries islamistes lui ont fait la guerre, pendant plusieurs mois, entre 1924 et 1925. Le prix à payer en sang coulé fut élevé. La Turquie entra dans une véritable guerre civile, gagnée par Mustafa Kemal Ataturk au prix de l’interdiction de toutes les confréries musulmanes. Ça ne s’est pas fait tranquillement. C’est pareil pour le Shah d’Iran, il a voulu libérer les femmes et les infidèles, les chrétiens, il a même voulu revenir à la religion pré-islamique des zoroastriens - l’horreur absolue -  Il a eu à dos tout le clergé chiite. Il n’y a pas d’amalgame à fustiger l’orthodoxie chiite ou sunnite. C’est l’orthodoxie musulmane, fixée à l’époque bédouine, qui empêche l’islam de se réformer et les Musulmans d’accepter une réforme. Est enseigné dans toutes les mosquées que le musulman doit régner sur l’esclave, la femme et le non musulman ... dès lors que vous touchez à cela, vous apparaissez non pas comme totalitaire, mais anti-islamique. Il faudrait revenir à des écoles rationalistes de l’Islam qui montrent qu’il existe aussi une islamité réformiste, rationaliste libérale. Or, depuis le 9ème siècle, l’islam a été encadré dans les écoles juridiques et où l’on dit encore que toutes ces grande inégalités sont fondatrices de l’islam . L’islam, c’est la soumission aux lois d’Allah qui véhiculent la suprématie du mâle et du musulman sur ce qui est non-mâle et non-musulman.  A partir de là, il ne peut pas y avoir d’autre solution qu’une réforme à l’intérieur même de l’islam par  des musulmans adeptes d’un islam rationaliste et libéral, mais qui puiserait ses origines dans le monde musulman lui-même, car si vous vous référez à l‘Occident, vous êtes tout de suite déligitimé. Il faut une véritable révolution intérieure au sein de monde musulman. Il y a un mouvement en ce sens autour de gens comme Rachid Kaci, Mezri Haddad, le Mufti de Marseille Souheib Bencheikh, ou encore du président des scouts musulmans de France, cheikh Bentounes. Sachons que des intellectuels iraniens en ce moment sont condamnés parce qu’ils osent défier l’ordre islamique orthodoxe. Il y a aussi Ibn Warraq qui a écrit “Pourquoi je ne suis plus musulman”, après avoir abjuré en protestation contre l’islam orthodoxe. Warraq revendique le droit d’être ce qu’il veut en tant que musulman de naissance ayant la possibilité de se dire athée s’il le veut et même d’abjurer.” Il y a aussi Salman Rushdie, Taslima Nasreen, etc. Il y a beaucoup de héros dans le monde musulman et en Algérie. L’Algérie est un réservoir de laïques et de démocrates extraordinaires qui luttent, alors qu’ils sont tués en grand nombre. En Egypte aussi, des gens comme Abou Zeit.

 

C : les démocrates du monde musulmans ont-ils une chance de l’emporter ?

 

ADV : Malheureusement, ceux qui se battent pour la libéralisation ne sont pas les croyants de base. Ce sont des élites occidentalisées ou progressistes, d’où que vienne ce progressisme, interne ou externe, mais malheureusement ce ne sont pas les masses qui, à cause de la misère, de l’instrumentalisation de la douleur palestinienne, de ladite douleur arabe etc, sont plutôt en accord avec un discours démagogique islamique qui satisfait le musulman et le mâle. Si vous êtes un mâle musulman frustré et que votre seul pouvoir est de pouvoir tabasser votre femme ou dire merde à l’Occident, l’islamisme vous paraît vous redonner une dignité d’homme souverain. Si vous vous sentez humilié par la femme libérée et par l’Occident colonialiste, vous voyez en l’islamisme une façon de recouvrer votre suprématie. Ce qui est grave est que les masses sont plutôt sensibles à un certain discours islamiste, même si elles paient très cher l’islamisme.  C’est un  peu comme en France si on faisait un référendum pour ou contre le Pen ... Pourquoi le référendum est interdit en France sur l’émigration ou autre .... instinctivement, les masses iraient carrément donner raison à Le Pen. Pourquoi y a t-il un tel unanimisme politique médiatique et intellectuel contre le Pen ? Parce qu’ils savent très bien que si on ne diabolise pas le Pen, il fait un raz de marée. Je me méfie par nature des masses… Les masses sont plutôt portées à aller vers le démago, celui qui dit “on est les meilleurs, les autres sont des salauds et solutions y a qu’à, rasons tout, virons tout le monde”. Elles sont naturellement portées vers un discours assez outrancier. Voilà pourquoi le plébiscite est valable, comme disent les démocrates, dans des petites structures comme en Suisse, où il y a une démocratie libérale très enracinée philosophiquement et protestante, des structures où on est habitué à pratiquer depuis toujours une sorte de démocratie locale. Mais quand les masses ne sont pas habituées à la démocratie locale de tous les jours, ça peut être très dangereux. Les masses ,malheureusement, sont plutôt portées vers le fanatisme, le totalitarisme ou le populisme, les solutions de facilité.  C’est pour ça que Hitler a été élu démocratiquement ; Khomeyni a été porté par tout le progressisme et par les masses iraniennes frustrées; le FIS a été porté démocratiquement au pouvoir avant d’être interdit et si l’islamisme n’est pas au pouvoir dans la plupart des pays musulmans ce n’est pas parce qu’il y a une démocratie, mais au contraire parce qu’il n’y a pas de démocratie ! C’est ça qui est très inquiétant : partout où on réintroduit la démocratie électorale, les islamistes arrivent soit en tête soit en seconde position, à Bharein, au Maroc, en Jordanie, en Egypte, au Pakistan Partout, les islamistes enregistrent des succès. Moi je me méfie des masses. Je ne suis pas anti-démocratique mais je me méfie des masses hélas ... La Turquie réislamisée, qui a vu les masses porter en novembre 2002 un gouvernement « islamiste modéré » désireux de détruire ce qui reste du kémalisme et de remettre le foulard islamique sur toutes les têtes, a de quoi inquiéter les Ocidentaux hélas assez naïfs pour proposer à ces islamistes turcs « modérés » de rentrer dans l’Union européenne… Le voile a de l’avenir en Europe…

 



[1]  L’âge d’homme 1997, 1999

[2]  Editions des syrtes 2000

[3]  Editions des syrtes 2002