Cercle d'Etude de Réformes Féministes

 

Face aux obscurantismes (l'islamiste et les autres) : le Devoir de Liberté

 

 

 

LA DOCTRINE ET LE FOULARD " LE PORT D'UN SIGNE OSTENTATOIRE EST IMPOSSIBLE"

 

 « Le port d'un signe religieux ostentatoire par lui-même est impossible. La sanction prononcée sur ce seul motif n'échappera pas à la censure du juge. Il faudra toujours mettre en avant, pour prouver le caractère ostentatoire, d'autres éléments, indépendants du signe religieux. Les autorités scolaires devront reprocher à l'élève autre chose que le port d'un signe. Celui-ci est donc totalement neutre : le port d'un signe discret ne peut être incriminé, le port d'un signe ostentatoire est impossible » (50) B. SEILLER, note sous CE, Ligue islamique du Nord, Wissaadane et jeouit (3 espèces) : JCP G 1997, II, 22808.

 

COMMENTAIRE :

 

Les islamistes nous expliquent à loisir que nous ne "comprenons pas" ce que nous lisons dans leurs textes, ce que nous voyons...

L'élite de nos juristes nous explique comme M. Kessler (voir les conclusions de M. Bouleau), que nous n'avons pas le droit de chercher à comprendre.

Michel Bouleau nous avait rassuré un temps : oui, nous avons le droit, la faculté et pour les juges, le devoir, de comprendre le sens du signe religieux visible.

Mais voici maintenant qu'il nous est expliqué qu'il nous manque pour cela une faculté essentielle : nous ne voyons pas ce que nous voyons... ce qui est ostensible n'est pas ostensible.

Il est bien certain que le foulard posé dans l'armoire n'est pas voyant, mais l'essence du signe du voile est bien d'être vu à la place de celle qu'il voile lorsqu'elle s'expose à la vue d'autrui, lorsqu'elle se rend ostensible, donc l'essence du voile d'être ostensible, l'essence de son port est bien d'être ostentatoire.

Nenni nous dit B.Seiller, ce qui est visiblement visible n'est pas visible, puisque ce n'est pas visible en soi ....

Notre raison était défaillante, d'ailleurs nous n'avions pas le droit de l'exercer, mais voilà que nos sens même... nos perceptions de l'évidence de l'évidence, même ...

 

 

 

 

LA DOCTRINE ET LE FOULARD 2

 

Pour les auteurs du Traité de droit des religions[1] :

"Dans le débat sur le port du foulard à l'école, l'égalité des sexes et les droits des femmes ont été mis en avant par les adversaires du foulard, désigné comme signe d'infériorité statutaire et de soumission de la femme. Légitime quant au fond l'argument présentait toutefois une double faiblesse. D'une part, le droit de porter le foulard est souvent invoqué par les jeunes filles elles-mêmes. D'autre part, la question du port du foulard ne concerne pas que l'école, et faire droit à l'objection impliquerait une interdiction à caractère général."

 

COMMENTAIRE :

                                                                                                                      

La réponse des auteurs est doublement étonnante.

 

D'une part, les auteurs ne peuvent pas ignorer que depuis 1995, le fait qu'une personne attente librement à sa propre dignité n'empêche pas que cette atteinte soit considérée comme une atteinte à l'ordre public ( Arrêt du conseil d'Etat du "lancer de nain" 27-10-1995).

Subsidairement, il semble qu'il leur soit difficile d'ignorer : le code de l'éducation donnant à l'école mission de contribuer à "favoriser l'égalité entre les hommes et les femmes", à "l'égalité des chances" permettre "à chacun ... de développer sa personnalité", le fait que toutes les jeunes filles ne portent pas le voile volontairement ...

 

D'autre part, plus étonnant encore, les auteurs objectent que la prise en compte d'un droit, l'égalité des sexes, conduirait nécessairement à une atteinte disproportionnée à une autre liberté, à "une interdiction à caractère général" du port du foulard. Devant un tel danger, il y aurait lieu d'éliminer totalement la prise en compte de la question de l'égalité des sexes.

On atteint là l'irrationnel. Il n'y a en effet aucune raison, pour que les juges abandonnent soudain tous leurs principes les plus classiques concernant l'arbitrage en cas de conflit entre des droits et des libertés, par le seul fait que la question de l'égalité des sexes leur serait posée. La seule évocation de la question des femmes leur ferait donc perdre la raison ? Les juges seraient pris de folie à la seule idée de l'égalité...

On sent ici ressurgir la peur fantasmatique de la demande "hystérique" des "viragos". Si des femmes, au lieu d'être dans la pure douceur et abnégation, prononcent les premiers mots d'une phrase pour défendre "leurs  droits",  elles ne peuvent qu'être des malades, formulant des exigences démesurées, abusives, insensées. Donc fin de non recevoir.

 

En réalité, il y a bien conflit entre deux droits et libertés. Principe d'égalité des sexes d'une part, liberté "religieuse" d'autre part, et il va falloir arbitrer ce conflit, dans le plus pur respect de nos principes démocratique, principe de liberté, conciliation des libertés afin de préserver au mieux les libertés, en tenant compte d'abord des plus essentielles. Mais en sachant, que ce conflit n'est qu'une des manifestation d'un autre conflit : la lutte de la République face à des religieux prônant son renversement par un "ordre islamique.", qui abolirait lui toutes les libertés "non islamiques".

 

 




[1]  Jurisclasseur, Litec 2003