Cercle d'Etude de Réformes Féministes

 

Face aux obscurantismes (l'islamiste et les autres) : le Devoir de Liberté

 

 

 

SOCIOLOGIE DES "BEURETTES" :

 

FRANÇOISE GASPARD ET FARHAD KHOSKOKHAVAR (1995)

 

 

 

 

I -  FRANÇOISE GASPARD ET FARHAD KHOSKOKHAVAR[1]

LE FOULARD ET LA REPUBLIQUE

 

DISCUSSION DU LIVRE

 

 

Françoise Gaspard est historienne de formation sociologue, femme politique, féministe, elle est une des créatrices du concept de parité.

Farhad Khoskokhavar est (un) sociologue, a séjourné en Iran de 1976 à 1990, puis est revenu en France.

Les deux sociologues ont fait une enquête

 

Nous citons ci dessous des arguments des auteures[2]  et notre réponse à ces arguments. C'est nous qui avons choisi le titre que nous attribuons à leur arguments.

 

 

P6 : LE FOULARD, COMME REPONSE A UN BESOIN DE CONFLIT

Pour les auteures, « On dirait que, dépourvues de conflit central, nos sociétés éprouvent le besoin d’en découvrir un nouveau pour relancer l’histoire, pour qu’elle n’ait pas de fin ? Mais qui combattre ? Les petites filles voilées ? Les démocrates suspects de ne pas être de bons républicains ? L’islam parce qu’il génère un sous-produit, l’islamisme ? »

 

Réponse 1:  le conflit n'était pas imaginaire en 1995 déjà ...

- Ecrire cela était déjà absurde en 1995. L’islamisme avait déclaré la guerre depuis longtemps.  Il suffisait d’écouter les harangues anti-américaines d’Iran, de voir les attentats à Paris.  A cette même époque, le GIA menaçait la France d’attentats si elle ne se taisait pas à propos de l’Algérie ( cf fiche de lecture du Dictionnaire mondial de l’islamisme d’ Antoine Sfeir).  Il est vrai qu’à l’époque il avait principalement déclaré la guerre aux peuples « musulmans » eux-mêmes, en premier lieu aux femmes, et « accessoirement » à Israël. Nous n’avions donc aucune raison de nous estimer en guerre sans doute…

 

Réponse 2 - La guerre aux « petites filles » ? ou les petites filles mises au premier rang selon la "vieille technique révolutionnaire "?

- Ce serait les antisexistes qui feraient la guerre aux petites filles... Comme s’il n’était pas évident que leurs adversaires sont ceux qui les manipulent. Qui fait la guerre à cette fille de 14 ans qui appelle maman quand on la torture dans une prison iranienne ?  [3] ? Qui condamne cette jeune fille de 16 ans à avoir les yeux arrachés[4] ?

 

- L'islamisme prend les petites filles comme "boucliers humains" :  taper sur nous ? : vous tapez sur elles...

Exactement comme les proxénètes prennent en otages les prostituées :  taper sur les macs ? vous tapez sur les filles...

Cf chapitre "Iran" : "Les religieux ont d'ailleurs rapidement su profiter de cette volonté féminine pour l'émancipation, afin d'en faire une force indispensable dans le harcèlement du régime. Par exemple, selon une vieille tactique révolutionnaire, c'était elles que l'on mettait en tête des manifestations ; elles et 1eurs enfants. Ainsi, les soldats n'avaient d'autres choix que massacrer des femmes et des enfants, ou de se laisser déborder et donner à la foule des preuves de faiblesse dont elle profitait aussitôt pour s'enhardir de plus en plus"

 

- Certes, refuser momentanément l'école ou l'entreprise à quelques obstinées peut les déranger : mais en disant la loi de l'égalité des sexes, la République assurera les droits d'un bien plus grand nombre de femmes, et les protégera d'atteintes bien plus graves.

 

Réponse 3 : les démocrates se doivent d'abord d'être anti-totalitaires ...

- Les démocrates pas assez républicains ? Serait-il compatible d’être démocrate et d’ouvrir la porte au totalitarisme ?

 

Réponse 4 : pas de guerre à l'islam, la guerre au sexisme, la guerre à la théocratie militante

- La guerre à l’islam ? Non, même s’il était prouvé que l’islamisme y est essentiel, consubstanciel. Mais la guerre oui, à ceux qui, en se réclamant de l’Islam – et nous nous fichons bien de savoir s’ils ont tort ou raison, c’est pourquoi nous ne ferons jamais de « guerre à l’islam » - exercent des violences et des discriminations, militent pour le totalitarisme religieux.

A ceux qui au nom de ce qu’ils pensent être l’Islam, NOUS ont déclaré la guerre, par la force ou par d’idéologie, et selon le cas, selon le type d’attaque, la guerre par la force face aux terroristes, ou par le débat idéologique avec leurs philosophes.

 

P19 : LE REFUS DU VOILE SERAIT MOTIVE PAR LE REJET DE L'ISLAM

 "Paraître tolérer le foulard n'est ce pas, d'une certaine manière, accorder à l'islam un droit de cité ?

 

Réponse 1 : Les féministes n’ont pas à dire si « l'islam c’est le voile » :

Dire que l’islam c’est le voile est une conception réductrice de la vision de l’islam par les musulmans de France :  pour certains être musulmane c’est être voilée, pour d’autres non, il n’y a donc pas d’équivalence à poser entre voile et islam.

Réponse 2 : Les raisons féministes de refuser le voile ne sont pas celles des racistes

Bien sûr, certains racistes refusent par principe tout ce qui est Arabe, musulman etc, cela ne signifie pas qu'il serait vrai que tout ce qui est Arabe et musulman soit acceptable, à nous d'appliquer nos critères d'acceptabilité. Nous refusons le voile, non pas parce qu'il est musulman, mais parce qu'il est sexiste.

La question de savoir si l'islam est par essence sexiste est à régler par les musulmans eux mêmes; en tant que féministes nous nous opposons à tout sexisme, quel que soit son fondement idéologique, et c'est bien notre dernier souci que de savoir si les idéologies sexistes sont théologiquement juste ou pas.

 

P 19 : LA PEUR DU FOULARD SERAIT DUE A L'IRAN

« En réalité, c’est le spectre terrifiant de la révolution islamique, l’évocation de l’Iran qui sont constamment  présents dans le dit et le non-dit » 

 

Réponse 1 :  le voile représente précisément la même conception de la femme en Iran et en France

Il se trouve que la tactique des islamistes pour aller « vers une société islamique « , pour reprendre l’expression de Tariq Ramadan, est toujours la même, que ce soit en Iran, en Algérie ou dans les banlieues françaises, et que partout elle passe par le voile, symbole de l’acceptation de l’ordre moral islamique ( nous disons ici islamique dans la mesure où les islamistes l'emploient en parlant de société islamique) et instrument de la politique de communautarisation.

Le foulard est bien partout la manifestation d'une idéologie qui ouvre la voie au totalitarisme théocratique. Une bonne raison d'en avoir peur, et de combattre les idées qu'il représente.

 

Réponse 2 : on croirait lire Tariq Ramadan : l'Iran comme épouvantail contre l'islam

Cf chapitre sur le Conseil européeen de la fatwa, analyse des textes de Tariq Ramadan

 

P19  LE FOULARD, PRETEXTE POUR DIABOLISER NON SEULEMENT ISLAMISME MAIS ISLAM

" Le foulard devenait, dans la société française, l’occasion de diaboliser non seulement l’islamisme, mais aussi l’Islam en général, sans pour autant que son sens symbolique et politique eut été analysé »

 

Réponse :  halte au procès d'intention et à la confusion

Derrière l'accusation de confusion entre islam et islamisme, s'annonce l'accusation de confusion entre musulmans et terroriste, bref de discours de haine envers les musulmans.

Nous répondrons d'abord halte au procès d'intention, d'autre part halte à la confusion.

Le débat sur la distinction islamisme / islam est ouvert, la critique d'une religion n'a pas à être confondue avec l'appel à la haine contre ses adeptes (voir à ce sujet les précisions données par les juges dans l'arrêt Houellebecq, chapitre droit français), même si bien sur, il faut être très vigilant à ce que l'une ne risque pas d'entraîner l'autre.

 

P19  LE SENS DU VOILE N'AURAIT PAS ETE ANALYSE

... sans pour autant que son sens symbolique et politique eut été analysé »

 

Réponse : cela fait plus d'un siècle qu'il a été analysé par les musulmans ...

Dire en 1995, que le « sens symbolique » du voile n’avait pas été analysé, alors qu’il est dénoncé, en Iran ou en Egypte entre autres, depuis le début du siècle comme le « linceul des femmes », alors qu’il est visible sur tous les écrans, alors qu’à deux pas de Paris, en Bosnie, les femmes se plaignaient de se voir obligées de porter le voile pour bénéficier d’aide dans les camps de réfugiées gérés par les organisations islamiques ..c’est seulement montrer que l’on ne veut pas savoir. (cf fiche de lecture sur l’Iran, l’Arabie, M. Fahmi, les interviews de Alexandre del Valle et Rachid Kaci ..)

 

P25  LA POPULATION IMMIGREE AURAIT BESOIN D'ETRE ENTENDUE AVANT DE S'INTEGRER

"Ils stigmatisent une population sommée de s'intégrer dans la nation mais sans comprendre qu'elle a besoin, cette population, d'être entendue dans sa diversité pour entrer dans la modernité."

 

Réponse 1:  la population immigrée est capable de comprendre le principe d'égalité !

- Combien de temps faudrait-il que des populations immigrées comprennent que la règle est l'égalité des sexes et que le rôle de l'Etat et en particulier de l'école est de lutter contre les stéréotypes sexistes ( Cf chapitre droit international, convention de 1979, et chapitre droit français, code de l'éducation) ?

- Est ce que les populations immigrées seraient incapables de comprendre ces données relativement simples ? Que la République doive faire un effort pour apprendre à des travailleurs immigrés le mode d'emploi du vivre ensemble est une chose. Sans doute a-t-elle des torts à cet égard, certes elle doit informer, apprendre, faire cet effort pour toutes les populations qu'elle accueille, surtout envers celles qui ont le moins de facilités au départ pour s'informer et communiquer, afin que leur arrivée se fasse dans de bonnes conditions pour tout le monde.

Mais au nom de quoi devrait-elle y renoncer par avance ? Au nom du fait que les immigrés seraient présumés être particulièrement "bouchés" ? Drôle d'antiracisme.

- Le vêtement est ce qu'il y a de plus apparent, même un illettré peut le voir et choisir de s'habiller à la mode du pays où il vit. .. Ou ne pas le choisir, sous sa responsabilité. Les femmes qui sont arrivées en 60, 70 et ne portaient pas le voile pour s'intégrer n'ont pas eu de mal à comprendre.

 

Réponse 2 : la république a le devoir de faire entendre ses lois à qui veut s'intégrer

-  Si "être entendue" signifie garder le droit de vivre selon les lois du pays d'origine et non selon les siennes, la République doit dire non. Les travailleurs immigrés ne sont pas des esclaves déportés, même si on peut considérer que l'employeur a des devoirs envers des salariés qui n'ont pas forcément un choix très libre de l'endroit où ils travaillent. Il y a un moment où il faut savoir : soit on accepte les lois du pays, soit on reste chez soi, ou bien en sens inverse on émigre vers un pays dont on partage la vision du monde.

- La petite Khérroua ( Cf chapitre droit français) qui considérait que "l'expression de sa foi prévalait sur le respect des lois et règlements de la République", avait fait son choix.

 

P25 : PROTEGER LA REPUBLIQUE EN SACRIFIANT LES ADOLESCENTES

"Ils considèrent que la véritable victime du foulard, c'est la République, en oubliant les adolescentes qui vont être frappées d'exclusion alors qu'elles sont déjà soumises aux rigueurs d'un patriarcat que, par ailleurs, ils prétendent dénoncer."

 

Réponse : protéger les droits des femmes que protège la République pour protéger le maximum d'adolescentes

- Dans l'affaire du foulard ce n'est pas la République en tant qu'institution qui est en danger, (le voile ne va pas la renverser ipso facto), c'est un des principes de la République qu'est l'égalité des sexe, c'est le stéréoptype de la femme, les mentalités qui confortent les droits des femmes qui sont en cause, et derrière le "bouclier" de ces principes, concrêtement, ce sont les femmes vivant dans la République qui sont en danger.

- Si la protection de la majorité doit se faire au dépens d'une petite minorité résiduelle, celle qui s'obstinerait malgré la loi, (qui de toute façon voit son droit à l'instruction respecté puisque l'enseignement peut lui être donné par correspondance), elle doit se faire.

 

P32 ET 33  GLUCKSMANN OU "LES CRIS D'HYSTERIE DES DEFENSEURS DE L'OCCIDENT"

André Glucksmann pour avoir dit « le voile est une opération terroriste … En France, les lycéennes zélées savent que leur voile est tâché de sang » se voit classé (au choix) parmi « les cris d’hystérie des défenseurs de l’Occident et le silence glaçant de ceux qui veulent couper court à toute parole de doute ».

 

Réponse 1 : Si un des premiers défenseurs des Bosniaques et un des rares défenseurs des Tchétchènes, par ailleurs lui même fils de juifs polonais, est un défenseur hystérique de l'occident (chrétien sans doute), alors je suis Soeur contemplative.

 

Réponse 2 : Oui les lycéennes savent que leur foulard est taché de sang

Oui elles le savent par la télévision et tous les médias.

Comment ont-elles appris que le voile est musulman, elles dont les mères ne le portaient pas ? Sinon par ces mêmes médias qui leur montrent que le voile serait musulman puisqu'il est porté en Iran; en Algérie, en Afghanistan ?

Oui elles savent que ce foulard est tâché de sang, elles le savent encore par la sœur de Sohane, brûlée vive en banlieue, qui a comparé ce crime à ceux des lapideurs islamiques....

Si elles l'oublient, si elles l'occultent, certes elles ont des excuses, bien sûr ce sont des "enfants" qui construisent leur pensée, leur vie, certes : si elles l'oublient c'est qu'elles sont emprisonnées dans les discours islamistes et identitaires, embrouillées par ces discours orientaux et occidentaux, qui les assignent de concert, avec un bel ensemble, à une identité "musulmane".

La République n'a pas à les abandonner face à ces discours, la République doit, à l'école, favoriser l'égalité des sexes pour les élèves sans discrimination d'origine ou de religion. Ne pas les abandonner, c'est "dire la loi" : on ne brandit pas le drapeau des saigneurs.

Oui, ces adolescentes, celles qui ne sont plus des enfants ( il ne s'agit pas des petites de 8 ans...) sont moralement responsables de leurs actes. Mais la République est coupable si elle les laisse de se débrouiller toutes seules face aux questions qui embarassent même des adultes, face à la propagande islamiste.

 

Réponse 3  Merde ! Un juif ( Glucksmann) qui défend les droits humains des musulmans ça fait tâche !

Voilà qui ne colle pas avec le paysage intellectuel, avec les catégories d'un Tariq Ramadan par exemple : Garaudy, Sayyed Qutb : si, Finkielkraut, no...  On ressent réellement un malaise à voir les auteurs choisir une cible, exactement comme pourraient le faire les islamistes.

 

 

P34  LES FRANÇAIS PLAQUERAIENT SUR LE VOILE DEUX IMAGES DISTINCTES : COMMUNAUTARISME ET ISLAMISME

"Les Français voient le foulard et, à partir d'une représentation liée à l'histoire ancienne (le danger du communautarisme) ou récente (la menace de l'islamisme)"

 

Réponse : ces deux dangers n'en font qu'un seul : l'islamisme

L'islamisme ne se réduit pas à la violence terroriste, l'islamisme politique actuel tente en Europe d'étendre son influence en poussant à la revendication de droits communautaires, de statuts personnels.

Le foulard est à la fois une pratique religieuse sexiste et la marque d'une identité à la fois religieuse et communautaire, et même pour certaines "arabe" ( cf le chapitre "une brochure arabe" : le voile est la marque qui permet de distinguer la femme de l'Oumma de la non croyante)

 

P34  LES FRANÇAIS DONNERAIENT UN SENS UNIQUE AU VOILE : ARCHAÏSME ET HOSTILITE ENVERS LA FRANCE

"Les Français ... donnent un sens préfabriqué au voile'. Celui-ci serait le signe d'un archaïsme, il traduirait le refus d'intégration dans la société française, voire l'hostilité à son égard. "

 

Réponse 1: le voile est bien un archaïsme et le refus d'un principe républicain

Le voile correspond bien à une conception patriarcale archaïque, contraire au principe d'égalité de la République. Il est étonnant de voir suggérer le contraire dans un livre écrit par une féministe.

 

Réponse 2:  il y a impossibilité d'intégrer le principe d'égalité et son contraire

Principe de non contradiction.

 

Réponse 3 : les adolescentes ne le voient pas, parce que le thème de la "tolérance" oblitère le (bon) sens élémentaire de la cohérence

Etant donné que, en dépit du principe qui précède, les adultes occidentaux estiment aujourd'hui que " Si le voile est l'expression d'une religion, nous devons accepter les traditions, quelles qu'elles soient" (D. Mitterand cf p21 du livre de Gaspard et Khoskodovar),  il est en effet parfaitement compréhensible que des adolescentes tombent absolument des nues quand on les accuse d'hostilité envers la République alors qu'elles pensent "seulement" respecter leur religion.

 

P34  LE VOILE A PLUSIEURS SENS POUR LES FEMMES QUI LE PORTENT

"Or, le voile ne revêt pas un sens univoque chez les filles et les femmes musulmanes"

 

Réponse : du point de vue politique, le voile n'a qu'un sens : tous les voiles sont islamistes

Ce que les femmes qui le portent imaginent du voile, les raisons qu'elles ont de le porter est une chose différente du sens qu'a ce signe pour la scène politique.

Le voile est, du point de vue politique, la preuve que la répression des femmes a l'approbation en acte, en signe, des femmes

 

P 34  IL Y AURAIT TROIS SORTES DE VOILE : 1 - LE VOILE DE L'IMMIGREE

"On peut distinguer trois cas de figure: (...)I - celui des femmes traditionnelles, celles que l'on rencontre dans les quartiers où vit une importante population maghrébine et turque (...)

Les femmes d'un certain âge (...) « Ces femmes, le plus souvent originaires de milieux ruraux, sont arrivées en France avec le hidjab qu’elles ont toujours porté depuis l’adolescence et vu porter par leurs mères et aieules »  "ces femmes ... sont discrêtes : elles sortent peu de leurs appartements et de leurs quartiers"

"un des romans ...exprime ...les affres de l'immigration dans les années soixante : elle a choisi son plus beau « haïk », pour rejoindre en France le mari immigré, pour l'honorer autant que pour faire bonne figure sur le quai de la gare de Lyon. Las... elle y est étrangement étrangère et ce vêtement de fête n'est pas perçu comme tel ou est regardé, par les Français, avec curiosité et méfiance"

 "la mère de famille qui, généralement ne travaille pas et maîtrise mal le français, même après un long séjour en France, ce voile (souvent moins hermétique que celui des islamistes, quelque fois un simple fichu), restitue à la famille son sens, sa hiérarchie, la prépondérance d'une identité dans une société dont on ne maîtrise pas les principes de cohésion ou de gestion. Cela est d'autant plus vrai lorsque ces familles qui ont connu l'immigration vivent dans des cités où les Maghrébins sont nombreux: il convient de ne pas déroger à la coutume dès lors qu'on se sent regardé, épié par le voisinage, menacé d'être critiqué. (...)

Les premiers arrivés, parfois en se faisant violence, s'étaient mis à l'unisson de la société locale. Au point que certains de leurs enfants avaient troqué, (...) leurs prénoms arabes pour des prénoms à consonance française. Et contribué, aussi, autant que les pères à tenir leurs mères voilées à la maison en se substituant à elles pour les courses et les démarches administratives. Leur foulard étonnait, il appartenait à un autre monde. La venue massive de congénères algériens et marocains a, en quelque sorte, enrayé ce processus: (...)Les prénoms français ont été refoulés. Le foulard des mères a été légitimé, y compris dans l'espace public."

 

Réponse 1 : de quelle émigration parle -t-on ?

Quid de toutes les femmes qui sont venues pour travailler et qui ont décidé de ne pas porter le voile pour ne pas se faire remarquer, sans compter toutes celles qui ne portaient pas le voile dans leur pays ? cf l’interview de Rachid Kaci, cf la mère de Moussaoui …  Il faudrait distinguer les différentes vague d'immigration, et parler des changements historiques dans les pays d'origine eux mêmes.

 

Réponse 2 : le voile de la femme au foyer est aussi un voile contraint et un voile du refus de s'intégrer

Que nous disent les auteures elles-mêmes ? Que la femme immigrée et sa famille s'aperçoit tout de suite que le voile est mal perçu en France,mais que sous la pression du quartier elle va continuer à le porter. Le "quartier" exerce donc sa pression sur la femme pour qu'elle reste dans sa tradition, avec sa "hiérarchie", pour qu'elle porte le voile... de même que le groupe après avoir adopté les prénoms français reprend les prénoms du pays d'origine.

Il y a certainement là une part de faute de la République qui a laissé les immigré-e-s trop isolé-e-s.

 

Réponse 3  Ce refus n'est pas légitime

Certes il faut tenir compte du facteur temps, du délai nécessaire pour comprendre le pays où l'on arrive, surtout lorsque l'on immigre dans des conditions difficiles, lorsque l'on reste sous l'emprise d'un mari. Mais dans le principe :

Ce n'est pas se faire violence que de se mettre à l'unisson d'un pays où l'on a choisi de venir. C'est d'abord respecter l'hôte. C'est ensuite trouver intelligemment la bonne manière de vivre ensemble tout en s'enrichissant.

C'est la moindre des choses que de se demander si ce qui "étonne", ce qui est vu avec méfiance, est vu ainsi pour de bonnes raisons ou pas,  c'est s'enrichir que de remettre en cause éventuellement sa conception de la famille et des femmes.

Vouloir conserver ses valeurs "hiérarchiques" quand elles sont en contradiction avec les principes du pays "égalitaire" où l'on vit, et afficher ce refus par un signe visible d'un autre système de valeur, c'est faire violence à l'hôte, et pour de mauvaises raisons.  Soit on accepte les lois du pays soit on reste chez soi, ou bien on prouve qu'elles seraient injustes et qu'il serait bon pour les gens du pays eux mêmes de les changer.

Juger acceptable que l'on affiche un refus de l'égalité des sexes au nom de son appartenance communautaire ne peut être le fait que de gens qui ont perdu tout repères.

 

Réponse 4  Prendre les prénoms du pays c'est montrer que l'on veut vivre avec les gens du pays

C'est donc mieux respecter le pays hôte. Vivre avec des gens, c'est envisager de former avec eux un ensemble, un peuple, sans distinction par groupe, par origine. Vivre avec des gens, c'est accepter d'adopter des éléments de leur mode de vie, c'est montrer que l'on est prêt à respecter les lois du pays et à former un ensemble qui va à l'avenir rechercher la meilleure loi, sans distinction par groupe.  (D'autant que rien n'empêche d'avoir plusieurs prénoms, pour soi ou pour l'état civil.). Donner à ses enfants le prénom du pays où ils vivent, c'est une façon d'appliquer le droit du sol, de faire que leur maison soit bien là où ils vivent, même si l'histoire de la famille a commencé ailleurs et n'est pas oubliée.

 

P37S  LES FOULARDS DES ADOLESCENTES -ACCEPTE  COMME PASSAGE

"Il y a d'abord celui de la jeune fille qui le porte pour complaire à ses parents, le plus souvent des immigrés récents, dont le père est pratiquant."

"elles le portent pour pouvoir, à d'autres niveaux, se soustraire aux contraintes qui pèsent traditionnellement sur les femmes. Grâce à lui, elles peuvent sortir."

"le foulard exprime moins, chez nombre de jeunes filles, une affirmation ethnico-religieuse, qu'un compromis par lequel elles tentent de gérer leur modernisation, en la dissimulant pudiquement aux regards des parents par un symbole vestimentaire qui les rassure sur la permanence fictive de l'ordre communautaire."

"Ce type de voile rassure la famille sur sa capacité de se préserver des assauts sexuels, imaginaires beaucoup plus que réels, de la société ambiante. (...) surtout, il rachète une honorabilité imaginaire à la famille auprès de ceux qui se trouvent dans le pays d'origine, comme les oncles ou les tantes qui la visi­tent occasionnellement et sont tranquillisés à la vue d'un voile qui marque la continuité mythique avec le pays d'origine."

"Mais ce sens mythique est évidemment tout à fait à l'opposé du sens réel de ce voile. Il fait miroiter aux yeux des parents et des grands-parents l'illusion de la continuité alors qu'il est facteur de discontinuité; il rend possible le passage à l'altérité (la modernité)."

" Le voile leur aura servi de transition de la puberté à l'âge adulte en rassurant la jeune fille et ses parents sur son islamité."

"Après avoir traversé cette phase délicate, avoir trouvé du travail et s'être autonomisées par rapport aux parents, les filles finissent d'ailleurs, dans de nombreux cas, par abandonner définitivement le foulard."

 

Réponse : un pauvre stratagème face au communautarisme des parents

Les parents sont dépeints ici comme privilégiant leur image vis à vis de la famille, comme incapables de se demander si le jugement du pays de vie sur le voile n'était pas meilleur que le jugement du pays d'origine. C'est un repli communautaire pur et simple : on vit selon les principes du pays d'origine ( ou plutôt - voir l'interview de ELELE) selon des principes identifiés à la culture du pays d'origine).

C'est cette fermeture qui fait ou ferait problème : mais est elle si répandue que les auteures pourraient nous le faire croire ? Ne faut-il pas chercher d'autres facteurs ?

La jeune fille cherche un compromis, pour ne pas heurter, ce qui est bien normal : mais est ce que la République doit la laisser seule face à ce problème de compréhension des parents ? Certainement pas.

 

P37S   LE FOULARD DES ADOLESCENTES - CONTRAINTES

"Dans d'autres cas, en revanche, le foulard est ressenti comme une contrainte pure et simple exercée par les parents. Ce voile répressif ne dure pas très long­temps, même s'il réussit à traumatiser doublement la jeune fille. Celle-ci vit mal tout à la fois ce foulard qui l'emprisonne dans ses mailles et l'incompréhension de la société, son atti­tude de rejet parce qu'elle est voilée. Double injustice. "

 

Réponse 1 : la République doit refuser cette violence morale sur les adolescentes

Au moins à l'école, c'est un minimum. Voir le livre de Chahdortt Djavann " Bas Les Voiles ! "

Les travailleurs sociaux peuventt aussi aider les enfants à dialoguer avec leurs parents, sans tomber dans les travers décrits par Dounia Bouzar (voir chapitre sur le Conseil Européen de la Fatwa).

 

Réponse 2: Tariq Ramadan vilipende aussi le voile contraint

Il incite à former les filles pour qu'elles choisissent elles mêmes le voile.  Allons allons, travaillons mieux messieurs, il est plus facile de tenir des filles ayant librement consenti à leur aliénation. Les proxénètes le savent bien, qui s'acharnent à faire croire aux filles qu'elles peuvent n'être que "putes", qu'il n'y a que cela dans la vie.

(Cf chapitre sur le conseil européeen de la fatwa, analyse des textes de Tariq Ramadan).

 

P39S  LE FOULARD SERAIT REJETE PARCE QUE LA SOCIETE FRANÇAISE EST EN CRISE

Les auteurs nous décrivent des français apeurés par l'Iran, l'Algérie, vivant une crise de l'Etat nation, une crise de la famille alors qu'ils constateraient " les femmes voilées donnent à voir une dimension soudée des musulmans jusque dans leur famille", se remémorant la bataille de Poitiers et finalement vivant un "complexe majoritaire", une "volonté méfiante d'affirmation de soi" "le racisme est une expression de ce phénomène".

 

Réponse :  Il y a bien crise en effet quand on ne sait plus si le principe d'égalité doit être respecté

Promouvoir le principe d'égalité des sexes, c'est vivre dans un Etat de droit, c'est affirmer que ce droit est le droit de l'Etat où l'on vit. C'est la base de notre système démocratique.  Psychologiser ce choix politique crucial, qui doit être le nôtre (nous - de toutes origines -vivant en France ), au bénéfice de toutes et tous ici, en en faisant un début de maladie mentale paranoïde, indique en effet un état de crise chez certains de nos intellectuels français.

 

P43 LES PEURS SONT INFONDEES PUISQUE LES FILLES VOILEES SONT PEU NOMBREUSES

"Le travail concret sur le foulard des jeunes filles à l'école tend à infirmer une grande partie de ces peurs. D'abord, elles sont plutôt rares, ces jeunes voilées : quatre ou cinq tout au plus dans des collèges de six cents élèves ou quelques dizaines dans les périodes d'effervescence. Souvent elles sont issues de quelques familles dont le père est connu dans le quartier,' comme un musulman pratiquant. Parfois, elles prennent l'ini­tiative de se voiler en dépit de la famille."

 

Réponse 1 : elles ne le sont plus

Depuis 1995, des tchadors et des burqas sont apparus ici ...

Khalida Messaoudi disait la même chose (cf chapitre Algérie)

Si les "affaires de voile" traitées par le ministère sont peu nombreuses, c'est que selon le conseil d'état (cf chapitre droit français actuel), le seul port du foulard ne peut être interdit, il n'y a donc plus de possibilité de "conflit", sauf en cas d'incidents annexes, contre lesquels un "Dr Abdallah" prend grand soin de mettre les jeunes filles en garde ( cf chapitre "Conseil européen de la fatwa).

 

Réponse 2 : l'influence des idées islamistes va jusqu'à celles qui ne sont pas "embrigadées"... et jusqu'aux auteurs

D'où vient l'idée de se voiler à celles qui le font "en dépit de la famille" ? Ne serait ce pas de l'influence islamiste, directe ou indirecte ? Surfant sur l'air du temps du différentialisme, les idées islamistes peuvent atteindre des gens qui ne font absolument pas partie de groupes islamistes. La meilleure preuve en est le livre étudié lui même, qui reprend des arguments typiques des islamistes (voir ci dessous).

 

P49 LE VOILE REVENDIQUE PAR LES JEUNES, EN ACCORD AVEC LES PARENTS OU CONTRE LEUR GRE, COMME CONSTRUCTION IDENTITAIRE

"Ce voile apparaît chez des jeunes filles chez qui l'intégration dans la culture et dans la société françaises est la plus poussée"

" Le voile revendiqué : ce phénomène [apparaît] dans le contexte d'une société française qui traverse une profonde crise de ses valeurs et de ses institutions

Ceux ou celles qui réussissent sont obligés, pour suppléer au manque de sens, de bricoler un nouveau projet. Rien d'étonnant à ce que ce soient les filles les plus « intégrées » dans la société française (...) qui « se voilent » publiquement. L'islam (...), est réinventé par ces jeunes filles, retravaillé et réactualisé sous une forme différente de la tradition, pour boucher les lézardes d'une construction de sens, au mieux lacunaire et au pire inexistante."

 

Réponse 1 : l'islam comme nouvelle idéologie après la mort des idéologies ...

La construction d'une telle "identité" après la mort des idéologies n'est pas un simple idéal moral, un simple idéal de vie personnel, comme semblent le présenter les auteures, c'est bien à la naissance d'une nouvelle (pas si nouvelle que cela d'ailleurs) idéologie politique que l'on assiste, venant certes combler le manque des autres.

 

Réponse 2 : l'islam n'est pas réinventé par ces jeunes filles, leur rejet de la tradition est islamiste

Le fait que l'islam des jeunes filles soit différent de celui de la tradition n' est pas rassurant mais inquiétant par rapport à la question du politique. Les islamistes reprochent précisément aux musulmans "traditionnels" de n'être pas musulmans comme il faut l'être, d'une part parce qu'il serait le fait d'ignorants, d'autre part parce qu'il ne rentre pas dans le projet d'édification d'une société islamique, les islamistes se présentent comme modernistes, réformateurs ... cf dans le chapitre sur le Conseil européen de la fatwa , l'analyse des textes de Tariq Ramadan.

 

P48 .. UN PARAGRAPHE QUI AURAIT PU ETRE ECRIT PAR TARIQ RAMADAN ! :

"L'islam de la jeunesse post-adolescente « beur » est à comprendre dans la perspective de l'absence d'alternative pour ceux qui se trouvent entre deux cultures aussi déstructurées l'une que l'autre. D'un côté, la culture « musulmane » des parents qui se réduit souvent à des préceptes sans consistance, interdisant plutôt que dotant d'un sens positif l'existence déstabilisée des jeunes issus de l'immigration. Cette religiosité archaïque est balayée par une modernité où les cohérences traditionnelles n'apportent aucun remède au désarroi des jeunes et à leurs problèmes concrets. De l'autre, les sociétés modernes (et en particulier la France) présentent le spectacle d'un ensemble où le seul mode de promotion réside dans la consommation. On donne en idéal un code de conduite fondé sur la réussite (enrichissez-vous), mais on n'apporte aucun sens moral qui puisse remplir la vie. Le déficit de normes culmine chez les jeunes garçons qui l'intériorisent et se lancent dans la délinquance à mesure que s'estompent les perspectives de travail et d'intégration dans la société. Qu'à cela l'on ajoute la hargne contre les « bougnoules » et l'on comprendra comment une logique de la différence stigmatisante peut mettre en branle un « contre-différencialisme » beur qui s'assume dans la différence qu'on veut lui assigner."

 

Réponse : un bon résumé de la vision du vrai islam et de la société occidentale par les islamistes

On retrouve ici l'idéologie décrite par Tariq Ramadan :

1- L'Islam, contrairement à la tradition des parents ignorants, sait s'adapter à la modernité

2 - La société moderne n'a pas de valeurs

(NB : il est amusant de trouver ici sous la plume d'une féministe l'expression de "sens moral", qui ferait hurler dans les cercles de gauches et féministe comme référence à l'"ordre moral" (chrétien) tant décrié et dénoncé)

2- Corrolaire : la société occidentale détruit les musulmans mentalement, par racisme, les poussent vers la délinquance ( NB : voir sur ce point dans le chapitre sur le conseil européen de la fatwa, l'analyse du livre de Dounia Bouzar , qui traite précisément des problèmes des jeunes délinquants) etc...

3- conclusion : il est rationnel, sain etc.. que les jeunes se tournent vers le vrai islam.

 

P49 & 50 LES JEUNES FILLES REINVENTERAIENT LEURS NORMES, FACE A LA SOCIETE MODERNE IMMORALE

p49 "Le dilemme des femmes est en un sens plus aigu. Les filles issues de l'immigration maghrébine se trouvent coincées entre une société qui professe l'égalité des sexes (mais ne la pratique pas autant qu'elle le dit) et un type de conduite normée où, au nom de l'islam, les femmes sont exclues de l'espace public. (...)  L'islam de ces jeunes filles s'inscrit dans le devenir d'une subjectivité qui, faute de repères, s'invente une nouvelle religiosité à partir des bribes de la religion ancestrale, restructurée pour exprimer les aspirations de la jeunesse féminine.

Le voile n'est plus le signe d'une soumission aveugle à la tradition, ni l'expression de l'enfermement dans l'espace de la féminité ancestrale, en retrait sur l'espace public. C'est un voile qui légitime l'extériorisation de la femme et, simultanément, donne un sens moral à sa vie, en l'absence de solution de rechange dans une société française où n'existe plus d'entreprise collective d'instauration du sens."

p50 "L'islam apporte une solution personnelle et individuelle à ces femmes qui s'imposent des contraintes beaucoup plus qu'elles ne s'en laissent imposer, qui prennent l'initiative dans la détermination du licite et de l'illicite. Leur voile, ainsi que celui des jeunes beurettes, est une manière d'assumer leur foi et, simultanément, d'inventer des repères pour distinguer le moral de l'immoral, le permis de l'interdit, dans une société où les normes sont en déliquescence. La modernité est profondément déficiente à cet égard et il ne sert à rien de vouloir en occulter les lacunes en réprimant les solutions que des groupes ou des individus cherchent à inventer pour combler le vide engendré par l'absence d'idéal dans la formation sociale."

 

Réponse 1 : c'est la décadence !

Traduisons librement : Vivement une religion moderne pour nous sauvez de la décadence de notre société moderne (c'est-à-dire occidentale) pourrie...

 

Réponse 2 : En effet, la société a du mal à dire "la norme est l'égalité" face à l'identitarisme...

Trève de plaisanterie. Que les auteures ne prennent pas leur cas pour une généralité, ou peut être si. La société "occidentale" a en effet du mal à affirmer ne serait-ce qu'une norme aussi évidente que l'égalité. Le livre étudié en est un bon exemple. Mais il est évident qu'une féministe aussi militante que Françoise Gaspard ne pêche pas par manque d'idéal, et elle est bien placée pour savoir qu'au niveau des idéaux, des normes, nos sociétés travaillent intensément pour faire des lois traduisant un idéal "du bon", pour ne pas dire du "moral". C'est le souci de concilier plusieurs idéaux, dont l'idéal de liberté, qui rend les idéaux de la société "occidentale" moins lisibles. Mais bien sûr qu'elle a des idéaux, et des plus élevés. Evidemment, quand l'idéal et la norme sont réduits à un credo rabaché, ils sont plus visibles.

En fait, c'est d'un mal à faire respecter un idéal qu'il faudrait parler dans les sociétés modernes, plutôt que d'un manque d'idéal. Les scrupules que l'on peut avoir à risquer de priver d'école pour faire respecter l'égalité, n'ont rien à voir avec du manque de norme morale, c'est tout le contraire, c'est la difficulté à atteindre des idéaux très élevés.

 

Réponse 3 : En m'aliénant, je me libère ...

Des " femmes qui s’imposent des contraintes beaucoup plus qu’elles ne s’en laissent imposer",

En me contraignant sans attendre qu’on m’y force, je me libère. C’est évident.

 

Réponse 4 : Les filles ne font aucune invention "personnelle", elles suivent texto l'islamisme

" femmes... qui prennent l'initiative dans la détermination du licite et de l'illicite "

"le voile est ...une manière... d'inventer des repères pour distinguer le moral de l'immoral"

L’initiative de la détermination ? Voilà qui est joliment dit dans les termes mêmes de Al Qaradawi : "le licite et l'illicite" est le titre d'un de ses ouvrages les plus célèbres (voir sur ce brave homme, le chapitre sur le conseil européen de la fatwa).

Initiative de se conformer à une règle, oui. Mais la phrase induit une grande confusion : elle semble dire qu’il y aurait autonomie dans la définition du «  licite et de l’illicite », alors qu’à ce niveau il n’y en a aucune, strictement aucune. Ces jeunes n’ « inventent » pas une virgule, elles ne font que suivre les diktats islamistes, elles ne les redéfinissent aucunement.  Il suffit de se procurer les brochures islamistes pour voir qu’elles ne font que s’y conformer. Les auteures le « disent » bien, tout en le niant, en utilisant elles mêmes au vocabulaire de la secte : rien n’est redéfini par ces jeunes filles dont elles traduisent la pensée : ni le fond ni le vocabulaire. Et les auteures de s’y soumettre dans la lancée.

Allez, appliquez vous bien les filles, vous me recopierez dix mille fois "le licite et l'illicite par notre bien aimé imam Al Qaradawi", ce n'est pas une punition, c'est pour le salut de votre âme.

 

Réponse 5 : mais c'est effectivement encore notre très grande faute

Les jeunes filles et les jeunes garçons vont effectivement chercher des normes, là où elles ne sont pas « déliquescentes », c'est-à-dire dans l’islamisme, là où ils rencontrent des adultes qui leur disent qu’ils croient à une morale et qui leur martèle qu’il faut s’y conformer. Que peuvent ils trouver chez des gens qui ont peur de leur parler de liberté parce qu’ils ont honte de penser « en impérialistes » que la liberté est supérieure à l’aliénation, et l'égalité à la subordination ?

Ce n’est pas de la faute des islamistes si les adultes occidentaux sont devenus des invertébrés. Ni si l’on enseigne à leurs professeurs (qui heureusement n’en tiennent pas forcement compte) l’art de produire des décérébrés.

 

P46  CETTE FORME D'ISLAM NE SERAIT PAS POLITIQUE ET PAS REPRESSIVE ..

"Cette forme d'islam est à distinguer de l'islamisme comme idéologie politique et activiste, destinée à remoraliser répressivement l'ensemble de la formation sociale au nom d'une « pureté » hégémonique et antidémocratique."

 

Réponse : voir suite

 

P47 ... MAIS LES FILLES FUSTIGENT LEURS PARENTS

- " Le foulard des préadolescentes ne vise pas à imposer des normes à l'ensemble de la famille ..."

"Dans le cas des post-adolescentes qui assument leur « identité voilée », leur rapport avec la famille est souvent inversé. Ce ne sont pas tellement les membres de la famille qui prennent l'initiative d'imposer le voile, mais la jeune fille elle-même qui revendique son « identité isla­mique ». Elle en vient même souvent à imposer à la famille - qui s'est éloignée de la religion sauf en ce qui concerne le respect des fêtes du ramadan - sa nouvelle identité où elle se prévaut de son islamité pour fustiger ses frères et soeurs, peu croyants ou incroyants à ses yeux. Elle s'érige ainsi en modèle d'une identité perdue ou trahie."

- "Le voile des filles post-adolescentes, au contraire, inverse le rapport à l'entourage: il marque leur refus de l'islam quiétiste et traditionaliste des parents."

 

Réponse : comme dans tous les régimes totalitaires, les enfants sont dressés contre les parents

Les filles ne pratiquent pas un islam répressif, elles ne font juste que fustiger leurs familles, parents compris. Le foulard des post-adolescente vise bien lui à "imposer des normes à l'ensemble de la famille"

Il est assez étonnant de lire des propos aussi contradictoires en l'espace de quelques pages.

cf le chapitre sur l'Algérie, Latifa Ben Mansour explique la politique islamiste vis à vis des jeunes.

Il est toujours très inquiétant de voir s'installer un système de pensée qui "inverse" les rapports entre parents et enfants. Les parents sont des musulmans ignorants, "traditionalistes", les parents aurait "trahi" leur identité... (comme les apostats sont des traites dans la logique islamiste).

voir suite

 

P-48, 51 &59  PAS VU DE MILITANTE, LES FRERES MUSULMANS NE SONT PAS POLITIQUES

- "Sauf un cas, parmi la centaine d'entretiens que nous avons faits, nous n'avons pas rencontré sur le terrain d'islamiste politique voilée."

- "Le prosélytisme, nous l'avons rencontré une fois, sous une forme mitigée, chez une fille, sous l'influence des associations islamiques. Mais le prosélytisme, dans le sens d'une identité voilée et communautaire, n'est pas l'islamisme activiste et politique du FIS. Bien au contraire, dans le cas cité, c'était une manière de renouer avec le piétisme islamique dans un sens apolitique, mais communautaire, proche du modèle des Frères musulmans. On sait que l'islamisme politique, en Égypte, va très au-delà des Frères musulmans et qu'il n'est pas, en Algérie, la reproduction pure et simple de leur vision."

 

Réponse 1 : le modèle des Frères musulmans est un des principaux groupe politique islamiste !

Les auteurs n'ont pas vu de prosélytisme mais seulement piétisme "dans le sens apolitique mais communautaire, proche du modèle des Frères Musulmans"

On est stupéfaite par l'affirmation des auteures : les Frères musulmans sont un groupe politique islamiste type (au sens que donnent les islamiste au mot politique d'ailleurs, c'est à dire en niant le politique pour ne reconnaitre que le religieux, que la loi du Coran ...)  cf sur les Frères musulmans : chapitre sur l'Algérie, sur le Conseil européen de la fatwa, fiche de lecture du dictionnaire de l'islamisme par A. Sfeir.

 

Réponse 2 : cessons donc de penser avec nos concepts occidentaux de "politique" et de "religieux" ...

En un sens (islamiste) les auteures ont pourtant raison. Tariq Ramadan ne cesse de nous le répéter : cessons de penser selon nos catégories occidentales opposant politique, religieux, profane, sacré... Les islamistes sont religieux; selon leur religion il n'y a pas de politique en dehors de leur religion, donc ils ne sont pas politiques mais religieux. CQFD.

 

Réponse 3  Moi, Schéhérazade, combattante de l’islam 

Les auteures citent en référence un article au ton pourtant explicite :

« Moi, Schéhérazade, combattante de l’islam » paru dans le Nouvel Observateur en 1994. Combattante mais pas militante. Vous avez songé un instant au mot « djihad » ? Honte sur vous pour cette mauvaise pensée.

 

p46 BIEN QUE LE VOILE PUISSE ETRE RECUPERE PAR LES ISLAMISTES ...

« Evidemment, l’attitude néo-islamique de ces jeunes peut être exploitée dans un sens islamiste. »

 

Réponse :  à l'insu de leur plein gré

Bien sûr, la récupération, les auteures savent  tout de même ce que c’est. Pas même besoin d'aller voir en Iran comment le voile a été récupéré: encore heureux, sinon on n'aurait même pas le droit d'avoir d'aussi mauvaises pensées.

 

P46  IL NE S'AGIT PAS D'ISLAMISME PUISQU'ELLES TIENNENT A LEURS DROITS

Ces jeunes filles sont souvent réfractaires à l'intran­sigeance politique de l'islamisme militant et à la répression pure et dure de la liberté, en particulier lorsqu'elle pèse sur elles en tant que femmes sous prétexte de pureté religieuse. Elles ne sont pas prêtes à renoncer à l'automomie qu'elles ont acquise grâce à leurs diplômes et qu'elles comptent confirmer grâce à un métier. Pas question pour elles d'envisager l'enfer­mement dans la maison, et pas davantage un mariage contraint !

 

Réponse : les iraniennes non plus ne voulaient pas renoncer à leurs droits.

Voir suite ...

 

P 62  IL Y A CEPENDANT UN RISQUE D'ALIENATION PAR AMOUR

"Si le voile ne peut être purement et simplement assimilé à l'aliénation féminine, il n'en demeure pas moins qu'il (...) introduit une disparité en se référant à des normes qui se traduisent, sur le corps, par des restrictions dans le mouve­ment ou dans l'ouverture au monde extérieur. (...) Même la volonté d'auto-affirmation peut déboucher sur une abdi­cation de l'autonomie lorsque la femme voilée se voit contrainte, par la force des choses et des coutumes, de l'assumer dans ses ultimes conséquences. Il en est ainsi de certaines jeunes femmes, amoureuses de leur futur époux (...). Celui-ci en vient, au nom de cet amour, à exiger d'elles le retour à l'islam, ce qu'elles acceptent quelquefois. Ce faisant, le voile peut devenir un carcan pour peu qu'elles aillent jusqu'au bout du souhait de leur mari, par amour pour lui (donc en référence à la modernité). Celui-ci s'en sert pour les enfermer dans une logique de famille, de femme au foyer, de femme dissymétrique d'avec l'homme. Une logique d'assomption de soi (le voilement par la volonté personnelle) peut ainsi aboutir à une abdication graduelle de l'autonomie, d'abord au nom de l'exigence intime de l'amour et de l'affection, ensuite au nom des exigences impérieuses de la famille et du sacré islamique.(...) le néopatriarcalisme (...) peut utiliser le foulard pour les asservir, cette fois au nom de leur propre libre choix, à un ordre répressif plus dangereux parce qu'intériorisé et mis en place avec le consentement de la femme. "

 

Réponse : nous sommes évidemment d'accord; là est un risque réel de l'islamisme en Europe.

C'est bien là, en Europe, un des deux véritables risques actuels de l'islamisme (qui ne va pas bien sûr renverser demain les institutions), l'autre étonnant le heurt "intercommunautaire". Ce que le voile peut entraîner, c'est la régression des droits des femmes, dans la famille, mais aussi à l'école ( remise en cause de la mixité), et par réaction en chaîne, dans tous les domaines...

 

 

P 49, 51  LE VOILE SERAIT UNE REACTION D'AUTO-STIGMATISATION FACE AU RACISME

p49 « contre le racisme qui leur dénie la dignité, elles se dotent d’une identité voilée qui, là aussi, prend au mot la différence dont on les stigmatise. »

 

Réponse 1 : Le remède au racisme n’est pas de se stigmatiser soit même, de renforcer le racisme.

Le voile ne peut que renforcer le racisme, l'enchaînement fatal des rejets répondant aux rejets.

 

Réponse 2 : la loi pourrait éviter aux adolescentes cette erreur

Ces adolescentes revendiquent comme alternative au racisme qui les brime, le symbole d’un système qui les brime encore plus. Face à une telle erreur, la réaction des adultes ne doit pas être de leur permettre d’agir en fonction de cette erreur, sous prétexte qu’elles ne veulent pas de mal, mais bien de leur interdire de commettre un acte qui leur nuit et qui nuit à l’ensemble des femmes et de la société. La loi peut dire le sens du foulard, dire qu’il est incompatible avec l’égalité des sexes.

 

Réponse 3 : les islamistes présentent le port du voile comme une décolonisation des esprits

L'erreur consistant à « prendre au mot la différence dont on les stigmatise » est encouragée par les islamistes. Le thème de la "décolonisation" des esprits (cf chapitre sur le conseil européen de la fatwa et l'étude des textes de Tariq Ramadan) pousse à des réactions de rejet de l'occident et d'identification à la communauté des croyants. Même si les islamistes présentent le port du voile comme le contraire d'une attitude réactive et une preuve d'autonomies, répètent que de telles attitudes ne sont pas souhaitables, bref, dénient ....

Tout le jeu des islamistes consiste à priver les adolescent-e-s, des moyens d’autonomie de la pensée, en leur faisant croire que se libérer, c’est se libérer du sens « occident » des concepts, en s’enfermant dans le système clos des concepts islamiques, d’adopter le langage islamiste sectaire, sans analyser les connotations ni les conséquences du système de pensée proposé.

 

Réponse 4 : Le voile est raciste

Le voile est lui-même une forme de racisme religieux, une intolérance religieuse. Les imams ( cf fiche de lecture sur la brochure d’Arabie Saoudite)  reprennent à plaisir une citation du coran disant aux fidèles de se « distinguer des mécréants » .. Cette intolérance religieuse là, ce racisme là, serait il admissible ?.

 

P204, 47, 67   UN VOILE A LA FRANCAIS, D'INTEGRATION SANS ASSIMILATION, ISLAMIQUE MAIS PAS ISLAMISTE ...

p204  " Le voile des post-adolescentes qui se réclament d'une « identité voilée » ne peut être interprété comme un rejet de la citoyenneté française, mais comme une volonté d'intégration sans assimilation, une aspiration à être françaises et musulmanes."

P47 " Il se veut militant, non pas dans le sens de la politisation et de la revendication d'une identité en rupture avec la société française, mais d'une affirmation de la volonté d'être française et musulmane, moderne et voilée, autonome et habillée à l'islamique. "

p67 "On peut combattre efficacement le voile islamiste (...) pour cela il faudrait faire preuve de tolérance vis à vis du voile islamique."

 

Réponse :  la fatalité du communautarisme

Pour les auteurs,  la société française, ne proposant plus de modèle, voit se développer les différences, chacun construisant son modèle. Les voilées, en affichant leur différence, agiraient en fait comme les autres français-e-s.  La société devrait accepter la réalité :  le développement des différences et ne plus exiger d'assimilation.

Reprenons ces éléments un par un...

 

P205  IL Y A DESORMAIS UN VOILE FRANÇAIS

"Le foulard est désormais un phénomène français.. Il y a désormais un voile français qui marque la spécificité d'un vécu irréductible à une influence étrangère, que ce soit de l'Algérie, du Maroc, de la Tunisie ou de l'Iran. "

 

Réponse : qu'a-t-il donc de français ?

Le voile est en opposition diamétrale avec le principe français d'égalité, il ne peut donc pas être "français".

 

P58  LE VOILE EST FRANÇAIS PAR CE QUE LES JEUNES FILLES ONT DES IDEES LIBRES

"La foi religieuse ne leur fait pas rompre avec leur identité française: (...) Celle-ci garde nombre de traits qui sont le produit de leur rapport avec la société française: la volonté de ne pas se voir imposer un mari de l'extérieur (par les parents ou les « gens du pays »), de travailler à l'extérieur (au mari potentiel, elles ne reconnaissent pas le droit de leur interdire le travail hors du foyer)."

 

Réponse :  Il n'y a que le premier pas qui coûte ...

Le voile correspond à l'idéologie de l'enfermement, qu'elle ne l'ait pas encore accepté dans toutes ses conséquences n'y change rien.

 

p 61 D'AILLEURS LE VOILE SERAIT LA LIBERTE DE DISPOSER DE SON CORPS

"Le voile est à percevoir pour ce qu'il est: un vêtement par lequel s'exprime la liberté de tout être humain à disposer de son corps."

 

Réponse :  les limite de l'abolitionnisme ?

Il est étonnant de voir la même féministe qui critique cet argument pour les prostituées, l'utiliser sans broncher pour le voile.

D'autant que les auteurs relèvent que l'interdit peut être libérateur :

 

P55 QUELQUEFOIS HEUREUSES QUE L’ECOLE INTERDISE LE PORT DU FOULARD 

"Les filles sont quelquefois heureuses que l’école interdise le port du foulard : elles peuvent ainsi l’ôter sans encourir les foudres des parents."

 

Réponse : voir suite des arguments sur la francité du voile ...

 

P205, 59 LES JEUNES FILLES SONT TOLERANTES AVEC LES NON VOILEES

p205 " contrairement au voile islamiste, (le voile français) est tolérant de la diversité. Ces jeunes filles voilées ont des amies non voilées et ni les premières ni les secondes ne ressentent un sentiment de supériorité ou d'infériorité à ce sujet "

p59 "chez celles qui le portent comme chez celles qui ne le portent pas, c'est l'affirmation de la liberté individuelle qui est exprimée de façon récurrente. « Chacune fait ce qu'elle veut, c'est son affaire », entend-on constamment. (...) cela démarque le voile français de celui de la grande majorité des sociétés musulmanes, où n'existe pas de démocratie."

 

Réponse 1 :  les auteures ont pourtant affirmé que les voilées fustigent leur famille ....

Voir aussi l'article suivant sur les témoignages réunis par Nacira Guénif.

 

Réponse 2 : cette "tolérance" est conforme à l'islamisme

Les auteurs ne qualifient d'islamistes que les mouvements violents, les islamistes sont aussi ceux qui veulent convaincre ( cf chapitre sur le Conseil européen de la fatwa, étude des textes de Tariq Ramadan).

 

P47 LES VOILEES VEULENT ETRE FRANÇAISES MAIS CHANGER L'IDENTITE FRANÇAISE, TIENNENT A LA LAICITE MAIS VEULENT LA CHANGER ...

"Ce voile entend ouvrir un espace nouveau d'identité où la spécificité ne serait pas en contradiction avec une référence à la nation française, dont la laïcité est considérée comme une garantie à laquelle ces jeunes filles se disent, paradoxalement, attachées. Il est la revendication d'un islam public non pas en contradiction, mais en contiguïté avec leur francité. Cette vision des choses remet en cause d'une part le statut de l'espace public, de l'autre, la nature de l'identité « française ». En cela, l'identité voilée et française, publiquement voilée et publiquement française et citoyenne, porte atteinte à une certaine version de la laïcité."

 

Réponse : La laïcité n'est pas l'anomie

Les femmes voilées s'appuient effectivement sur la laïcité pour nier le principe d'égalité. La laïcité serait  "l'interdit d'interdire". Opinion que partagent les auteurs qui écrivent p210 "si le voile est en soi si dangereux, alors pourquoi ne pas l'interdire partout (..) Que restera-t-il alors de la République, dont la laïcité, c'est à dire la neutralité, est l'un des piliers ?".

Ceci est (bien évidemment, malheureusement pas si évidemment...) faux. La laïcité n'empêche pas la sanction de ceux qui font le choix de ne pas respecter les principes de la République, elle n'oblige pas à la neutralité face à ces violations, elle n'oblige pas à respecter la différence quand cette différence est contraire aux droits fondamentaux.

 

P52 LE VOILE SERAIT FRANÇAIS PUISQUE DIFFERENTIALISANT

"Mais ce voile ne se réduit pas à une réaction défensive au racisme. Il comporte, nous l'avons vu, une part de prise en charge active de soi, qui ne tente pas que les musulmans dans une société sans repères. Plus celle-ci s'uniformise, plus les normes de conduite des classes moyennes se répandent dans le corps social et plus, par un mouvement inverse, chaque groupe, chaque individu, cherche à se constituer un espace particulier où il puisse se distinguer des autres. Le voile « à la française » n'échappe pas à ce modèle.(...)   Le voile pose la question, nouvelle en France, de l'intégration sans l'assimilation. La nouvelle personne voilée n'est pas la personne exclue. Les jeunes filles voilées ne sont pas socialement marginalisées : (....) En se voilant, la beurette rend plus cohérente cette attitude différencialiste puisque, dès lors, elle est différente pour de bon. Elle réclame cette différence comme provenant d'elle-même et non surimposée par une société plus ou moins raciste. Simultanément, elle s'affirme dans cette différence comme Française et musulmane."

 

Réponse :  cette intégration sans assimilation serait donc conforme au modèle français actuel

Ce qui tendrait à montrer que pour les auteures, le voile ne serait pas islamiste ..

 

P61, 50 LE VOILE N'EST PAS ISLAMISTE MAIS REVENDICATION DU RESPECT D'UNE DIFFERENCE INDIVIDUELLE

P61 "Il n'est pas le signe d'une volonté conquérante qui voudrait « convertir » la société d'accueil ni même les musulmanes de France. Il ne marque pas une attitude hégémonique. Il cherche à circonscrire un espace de spécificité sans que celui-ci, chez les jeunes femmes qui le portent, dénote une provocation vis-à-vis des autres. "

P50 " ce voile-là (celui des jeunes femmes d'origine maghrébine ou des Françaises de souche converties) n'a aucune visée « provocatrice » : on ne se voile pas par antagonisme vis-à-vis de la société française, mais pour se donner un espace d'autonomie culturelle spécifique et différente. On entend se protéger contre l'anomie et on ne cherche pas, en règle générale, à imposer son point de vue aux autres. Il ne s'agit pas de conquérir la société (ni même la communauté islamique en France), mais d'aménager un espace pour soi. (...) il n'exprime pas une volonté de rupture, mais de distanciation pour ne pas se perdre dans l'anonymat d'une assimilation anomique"

 

Réponse :  différence de style ou de norme ?

La différence marquée n'est pas la différence inoffensive d'un style, d'un goût, c'est de norme dont on nous parle.

 

P51 :  OU  L'ON VOIT QUE DIFFERENCE RIME AVEC NORMES ORTHODOXES

"D'où le besoin de normes, quelquefois plus rigides que dans la tradition musulmane, pour étayer ce refus de l'indifférenciation. Ce type de voile peut devenir l'expression d'un piétisme plus ou moins puritain, sans être pour autant politique. Il peut aller dans le sens d'un islamisme tatillon pour ce qui est des rituels, sans privilégier la politisation. Il n'est pas, dans sa nature, porteur des valeurs de l'islamisme politique, mais d'un islam marqué par le renforcement des valeurs liées à l'« orthopraxie », par le renouvellement des rites et par l'adhésion à ces rites comme signe d'une identité à l'abri des doutes et des fluctuations qui ont cours dans la société globale. "

 

Réponse : islamisme, le retour.

C'est bien l'islamisme que l'on "explique", sinon justifie ici.

 

P50 LA FRANCE REFUSERAIT LA DIFFERENCE POUR DE MAUVAISES RAISONS

"Le voile serait mal perçu parce que la france est allergique à la diversité. En France, la tâche est plus ardue qu'ailleurs, notamment parce que la République affirme détenir le sens uni­versel. En effet, toute expression particulariste y met directement en cause le lien social tissé autour de l'État nation. "

 

Réponse : la république serait ringarde....

 

P61, 54, 65  SI ELLE PERSISTE, CELA VA MAL SE PASSER ...

p61 "Toutefois si on leur refuse cette différence, si on les oblige a choisir en leur foi et la France, elles pourraient se révolter.

Minoritaires en France et se sachant telles, les jeunes femmes voilées (françaises de souche ou issues de l'immigration) ont accepté ce fait, ainsi que l'altérité des autres, à condition qu'on leur accorde le droit d'évoluer dans l'espace de particularité où elles cherchent à s'inscrire. Le danger réside moins dans l'imitation du modèle iranien ou algérien par ces femmes que dans la diabolisation dont elles font l'objet de la part de la majorité, au nom de la préservation d'une logique républicaine rebelle à l'altérité, confondant universalité et homogénéité.

A force de les acculer à se conformer à cette logique de la similitude, on les contraint à choisir entre leur foi (ou ce qu'elles ressentent comme tel) et leur adhésion à la France. Or ce choix contraint ne saurait se faire dans un monde où la logique identitaire est partie inté­grante de la modernité, elle-même multiple de nature; dans un monde où la pluralité des cultures est un fait d'évidence au sein des mêmes formations sociales."

p54  "Le danger est qu'en diabolisant à l'extrême les jeunes filles voilées (mais aussi d'autres groupes particuliers), on contribue à les refouler dans une vision intolérante de l'islam. "

p65 "A force de diaboliser les filles voilées, on risque de les enfermer dans une identité obsidionale où elles jetteraient leur dévolu sur l'islamisme politique"

 

Réponse : en islam politique, cela s'appelle droit à la résistance à l'oppression.

Les jeunes se révolteront si on leur refuse un statut personnel et le droit d'exercer leur culte librement.

(voir chapitre conseil européen de la fatwa et chapitre Algérie)

 

P60  L'ISLAMISME NE TRAVERSE PAS LA MEDITERANNEE

"Il ne faut pas confondre le voile de ce côté de la Méditer­ranée et celui de l'autre côté. Une comparaison avec l'attitude des jeunes beurs pendant la guerre du Golfe est instructive. Les observateurs alarmistes pensaient qu'il y aurait une explosion sociale de la part des jeunes issus de l'immigration maghrébine. (...) Pourtant, pendant cette période, aucune réaction collectivement hostile des beurs n'a pu être relevée, ni contre les juifs français ni contre l'État français. Non que leur opinion politique ait été la même que celle défendue par le gouvernement français. Mais tout simplement parce que leur conduite portait en elle les déterminations de la société fran­çaise beaucoup plus que celles des pays actuellement en crise dont ils sont originaires. Une certaine logique de la tolérance a été intériorisée."

 

Réponse : l'intifada est arrivée à Paris et dans toute la France ...

Cf le site du CRIF répertoriant chaque mois les actes antisémites,  cf ici le chapitre sur la dhimmitude ...

 

P55 LA SOLUTION N'EST PAS L'EXCLUSION

p55  "Seulement, l'exclusion des jeunes filles de l'école signifie de facto leur exclusion de la modernité tout court. Au lieu que l'action excluante de l'école promeuve l'idéal républicain, en réalité elle aboutit à la conséquence inverse : on refoule les jeunes filles dans la famille et aucune influence extérieure ne parvient dès lors à en concurrencer l'action régressive."

 

Réponse : Pas valable pour le voile revendiqué

Les auteurs ont montré elles mêmes que cette critique n'est au moins pas valable dans le cas où le voile est revendiqué contre la famille.

 

P66 LA SOLUTION DU SILENCE

"La solution optimale, à supposer qu'elle existe, serait plutôt la tolérance froide pour celles qui désirent se voiler: mise à distance pour montrer les réserves d'une société qui a sa propre tradition dans la gestion du privé et du public, mais aussi aptitude à ébaucher un dialogue en rappelant aux uns et aux autres les traditions françaises en la matière."

 

Réponse : censure et mépris.

A si les féministes pouvaient se taire !

Le silence est un des pires mépris... ce serait un vrai mépris pour les femmes voilées.

 

P66  PRINCIPE DE LIBERTE ET SOLUTION DE LA LIBERTE

Notre conception est qu'il faut défendre la liberté du port du voile en France quand les femmes le désirent elles-mêmes, et la liberté d'être sans voile, dans les sociétés à dominante musulmane, pour les femmes qui aspirent au dévoilement. Ce dont souffrent les femmes en Algérie, en Iran ou dans d'autres sociétés musulmanes, ce n'est pas du voile, mais de l'intolérance. Que les femmes puissent décider souverainement de leur tenue vestimentaire dans le respect de l'égalité entre les sexes, et on verra que le voile deviendra une affaire privée.

 

Réponse 1:  L'égalité des sexes est une affaire privée...

Voilà qui est assez nouveau comme discours féministe.

Les islamistes ont décidé de promouvoir le voile, ils changeraient d'avis parce qu'on les laisserait faire ? 

 

Réponse 2 : En Algérie, en Iran, les femmes souffrent du totalitarisme, pas de l'intolérance

Voici un sophisme de plus : l'idée de totalitarisme est masquée sous le terme d'intolérance, dès lors le pire mal est l'intolérance ... y compris l'intolérance à l'emblème même d'un totalitarisme, le voile étant l'emblème du totalitarisme islamiste

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Signalons aux auteurs l'opinion de Leila Babès : (interview à Proche-Orient.Info - 6 mai 2003)

« I. Moryoussef Êtes-vous favorable à une loi sur la laïcité à l'école qui interdirait les signes ostentatoires d'appartenance religieuse ?

L. Babès    Je ne l'étais pas, mais j'ai changé d'avis. Je pensais que le phénomène était circonscrit, et qu'il était important de ne pas priver les jeunes filles de l'enseignement. Mais cela prend une ampleur inquiétante, le voile devient un instrument politique !Désormais, il faut un cadre de loi très clair. »

 

 



[1]  Editions La découverte 1995

[2]  Au féminin générique ( F.Khosrokhavar est un homme).

[3]   Cf livre sur la prison d’Erine en Iran  

[4]  dénoncé par le réseau « femmes sous loi musulmanes »