Cercle d'Etude de Réformes Féministes

 

Face aux obscurantismes (l'islamiste et les autres) : le Devoir de Liberté

 

 

MANSOUR FAHMY : LA CONDITION DE LA FEMME EN ISLAM[1]

 

Le livre est une thèse soutenu à la Sorbonne en 1913 par Mansour Fahmi, étudiant égyptien, sous la direction du Pr Lévy Bruhl. De retour dans son pays il est accusé d’avoir défendu une thèse hostile à l’ islam sous la houlette d’un « professeur juif » et il est écarté de l’enseignement …

 

Mahsour Fahmy explique pour justifier sa recherche sur la vie personnelle de Mahomet :

« Nous avons parlé si longuement des mariages de Mahomet parce qu’ils ont eu une répercussion sur le domaine du droit et sur le domaine des mœurs : l’esprit d’imitation qui animait les sectateurs zélés du Coran les a poussés à suivre en tout l’exemple du prophète, dont les actes étaient considérés comme marqués de l’empreinte divine, et la conduite de Mahomet à l’égard de ses femmes a servi de modèle aux générations postérieures. »

 

Inquiétant lorsque l’on apprend qu’il épousa une petite Aicha de neuf ans, épousa neuf femmes, « Mahomet légifère pour tous et fait exception pour lui-même. », qu’il avait « une sensualité anormale – qu’il s’attribue lui-même », et affirmait « Rien ne réussit à ceux qui se laissent gouverner par une femme ».

 

C’est à propos d’une question sur le droit de frapper une femme, que la règle de la supériorité de l’homme fut dite : « Un jour Mahomet était occupé à rendre la justice. Une femme vint accuser son mari de l’avoir giflée. Strictement, Mahomet aurait dû appliquer, ainsi qu’il le faisait lorsqu’il rendait la justice aux hommes, la loi du Talion. Il hésita pourtant à infliger au mari incriminé une peine si rigoureuse. Et Dieu lui inspira d’édicter une sentence avantageuse pour l’homme  « Les hommes, dit le coran, prévalent sur les femmes ». L’accusation fut rejetée. »

 

Mahsour Fahmi expose que la femme arabe avant l’islam avait moins de droits, mais vivait cependant plus libre. 

Il montre l’enchaînement de faits et de circonstances qui ont conduit à la dégradation, l’enfermement des femmes non esclaves étant au centre du mécanisme. Voile et réclusion des femmes non esclaves pour les protéger pendant les guerres, attirance des hommes pour les femmes esclaves qu’ils pouvaient voir et approcher, afflux d’esclaves durant l’expansion militaire de l’islam, tentation des hommes de multiplier les concubines esclaves, manque d’intérêt pour des femmes « libres » mais ignorantes car coupées de tout, impossibilité pour les femmes de défendre les droits reconnus par Mahomet à cause de leur réclusion …

Il conclut avec poésie et prudence : « Les femmes de l’Arabie pré-islamique, qui parcouraient le désert, … qui vivaient et qui aimaient : ces femmes-là, qui furent de vrais femmes, perdirent par l’islamisme tout ce qu’elles avaient de beau et d’actif. La décadence de la femme musulmane est un fait que l’on ne peut contester. En quelle mesure faut il l’imputer à la religion ? On prête, en général à la religion plus qu’elle n’est en mesure d’accomplir. »

 

Mahsour Fahmi note « Alors que les poèmes païens de jadis étaient tout embellis par l’image réelle d’une femme vivante, agissante, forte et belle parla valeur morale, les poètes musulmans en furent réduits à orner artificiellement leurs vers de l’image factice d’une femme irréelle, puisque les femmes musulmanes s’étiolaient dans une vie chétive et secrète au fond de leurs maisons ».

 

Il conclue : « La question de la femme..En Egypte, au Caucase, dans les Indes, en Turquie et dans l’Afrique du Nord avancée, tout le monde sent la portée de la question ;  on la discute ; on s’engage dans la voie de l’émancipation, et la religion se retire devant ces tendances pour regagner sa place dans domaines de la poésie et de la métaphysique .. L’institution théocratique, qui domine et ombrage tout, est à son déclin. L’évolution inéluctable prépare l’émancipation des opprimés, et bientôt la figure anémiée de la femme musulmane reprendra un aspect de santé et de vie ».

 

C’était en 1913. Depuis la bêtise et laideur, l’ombre, a regagné …

 

 

 



[1]  Editions Allia 2002, préface de Mohamed Harbi