Cercle d'Etude de Réformes Féministes

 

Face aux obscurantismes (l'islamiste et les autres) : le Devoir de Liberté

 

 

Philosophie du droit des femmes

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QU’EST CE QUE LA DEMOCRATIE ?

 

 

 

LA LIBERTE DE LA PERSONNE HUMAINE

 

La démocratie est le pouvoir du peuple, le pouvoir de chaque personne raisonnable dans le peuple de participer aux décisions politiques.

Elle est l'organisation d'un système qui non seulement permet cette liberté au présent, mais la préserve pour l'avenir.

Elle est l'organisation d'un système qui permet non pas seulement au peuple de prendre une décision, mais de prendre une décision réfléchie.

 

Elle repose sur la conception de l’être comme être libre, apte à être libre car raisonnable, apte à être libre car individualisé, reconnu comme personne.

La démocratie est ce qui permet à l’être humain d’être libre, et de conserver les conditions de la liberté.

 

 

L'HUMANITE ET LE LANGAGE

 

L’idée démocratique a mis du temps à faire son chemin; le premier souci de l’ « humanité », de l’animal humain a été de vivre ensemble, de s’organiser ensemble, l’humanité a produit l’organe nécessaire à la fonction du « vivre ensemble » : l’articulation, le langage qu’elle rend possible, la circulation d’information et d’expression qu’elle permet.

 

La reconnaissance de la valeur de chaque individu du groupe vient après. Il est permis de penser qu’elle est néanmoins congénitalement, logiquement,  inscrite dans le projet humain,  puisque l’existence humaine, le « tous ensemble », dans le langage, permet à chacun-e de parler, permet aux plus faibles comme aux plus forts d’avoir plus de chances de survie.

 

La démocratie n’est pas un principe abstrait et sacré détaché de toute condition.  La démocratie est liée à la raison,  elle est la liberté dont peut jouir l’être humain en raison de sa raison,  et de son aptitude à l’usage raisonné du langage. 

 

La démocratie commence ainsi dans la famille, entre adultes. Mais elle ne peut être pour les enfants, que le lieu d’apprentissage, et non d’exercice, de la démocratie,  parce qu’elle est liée à la raison et au langage. Deux outils que le petit d’homme doit passer toute son enfance à apprendre à manier.

 

L’idéal démocratique a pu trouver sa source dans les institutions non républicaines, lorsque le roi s’interdit au nom d’une loi supérieure du royaume, fusse t elle fondée sur le respect d’une divinité, de nuire à son peuple, c’est bien l’idée démocratique d’écoute du peuple qui est en germe.

 

On peut considérer qu’il n’y a pas eu de démocratie avant que les femmes n’aient le droit de vote, nous entrons donc à peine dans l’ère démocratique.

 

 

DIALOGUE

 

La démocratie c'est décider, choisir ensemble les lois, selon lesquelles la communauté nationale vivra ensemble, construire ensemble un mode de vie.

 

Le dialogue démocratique suppose le pluralisme, c'est à dire l'idée que le choix est ouvert, que plusieurs points de vue sont possibles, et utiles. Le professeur Hauriou fait de cette ouverture à la contestation, le coeur de l'invention démocratique (voir ci après).

Mais la démocratie n'est pas la cohabitation de différentes idées dans un espace, la démocratie passe par la loi, qui suppose le choix d'une idée, au terme d'un processus d'examen critique des idées des un-e-s et des autres.

La démocratie n'est pas la cohabitation de différentes "cultures", d'"identités" juxtaposées dans un espace, elle passe par l'élaboration de lois qui suppose le choix de règles, d'actions, pouvant relever ou non de telles ou telles cultures, des lois qui en inclueront certains aspects, et en rejetteront d'autres, des lois qui dessinent, au fur et à mesure, des aspects d'une culture commune, que certains voudront appeler, reconnaître comme une identité nationale. Un Etat démocratique n'est pas une collection d'idées, d'identités juxtaposées sans rien construire ensemble.

 

Le dialogue démocratique doit être un dialogue efficace pour déterminer le meilleur choix.

Choisir, ce n'est pas seulement juxtaposer des idées, des cultures, tout "tolérer" et tout "respecter", c'est construire ensemble un mode de vie, et pour cela critiquer, adopter ou rejeter. Le choix suppose des jugements de valeur sur ce qui est bon pour la société, et sur ce qui est moins bon pour elle.

Le dialogue démocratique n'est pas un dialogue mondain, un exercice de conversation, où les idées se côtoient sans que jamais l'orgueil de leurs auteurs ne doive être froissé. Le dialogue est aussi "dispute".

Pour que la démocratie fonctionne, il ne faut pas "respecter les opinions", il faut effectuer la critique la plus approfondie, l'analyse de tous les défauts des idées et opinions lancées dans la bataille, sans pitié...

L'agora n'est pas un salon, il est absurde de s'y prévaloir de sa "sensibilité" pour faire taire des critiques.

La démocratie suppose que les citoyen-nes aient un minimum de courage, le simple petit courage intellectuel de voir ses arguments s'effondrer, la simple faculté de distinguer critique personnelle et critique des arguments.

 

Donc la démocratie suppose le paradoxe, la contestation dans le respect, les idées différentes sont indispensables et pourtant il faut démolir l'argumentaire de l'autre, la pluralité pour aboutir à un choix unique, du moins jusqu'au prochain débat.

 

Aujourd'hui, on a souvent l'impression inquiétante que ces deux traditions démocratiques sont oubliées.

D'une part nos petites âmes sensibles ne supportent plus la critique, l'atteinte à leur "sentiment". Les législations sur le blasphème en Europe apparaissent comme l'apothéose de cette absurdité : "offenser" "des convictions religieuses ou philosophiques", c'est bien là le résultat de toute critique, aussi circonstanciée, étudiée et de bonne volonté qu'elle soit.

D'autre part, à l'inverse, certaines opinions sont d'avance diabolisées. Il y a de mauvaises opinions, qui incarnent le mal, on est en droit de vilipender leurs tenants, comme ils sont diaboliques il est bien naturel de croire qu'ils ne critiquent notre opinion que par esprit de méchanceté et pour nous blesser.

Finalement les deux réactions se rejoignent : critiquer certains choix est jugé à priori comme une intolérance intolérable. Puérilité et passion : des menaces inquiétantes pour la réflexion démocratique.

La démocratie suppose  le courage d'affronter la critique, et de "savoir tirer parti de nos ennemis" : supposer que l'opinion la plus contraire à la mienne, peut enrichir la réflexion commune, et peut être éviter une mauvaise décision.

 

 

REFLEXION

 

La démocratie est l'organisation de la réflexion du peuple. Il ne suffit pas que le peuple soit la source de la décision. Il ne suffit pas que le peuple cri ou hurle. La démocratie n'est pas la frénésie, elle n'est pas l'adhésion confuse du peuple et de ses gouvernants dans une transe ou une folie collective. Les foules hurlantes : des menaces terrifiantes pour la démocratie. Quand on se rappelle certaines années en Europe, on finit par détester jusqu'aux applaudissements trop forts, trop unanimes.

De la même façon que la procédure judiciaire est faite pour organiser le jugement du juge, dont l'impartialité ne suffit pas à faire un bon jugement, la procédure constitutionnelle est faite pour organiser le débat du peuple, dont la qualité de peuple ne suffit pas à faire une décision qui soit réellement le fait d'un peuple d'être humains, c'est à dire raisonnables.

La démocratie met des barrages, des garde-fou (bicaméralisme...) dans la procédure d'élaboration des lois, elle n'est directe que dans de petites démocraties, où l'éducation au débat direct est très ancienne.

 

 

CULTURES

 

Parce que démocratie signifie liberté d'expression, liberté de la pensée et de l'art, elle est par définition ouverte à la, aux cultures.

Nulle part les cultures ne s'épanouissent mieux que dans la démocratie. Elles sont souvent plus libres dans des démocraties étrangères que dans leurs propres pays.

Mais à la différence des systèmes fermés, la démocratie permet à chaque personne de créer sa propre culture, elle n'enferme pas dans une culture identifiée prédéterminée. En même temps, elle fait naître une forme de culture liée à la communauté nationale, qui se superpose aux autres sources de cultures.

Si l'on veut voir dans les cultures des systèmes, des ensembles cohérents, y compris politiques, indissociables, on en vient à opposer des cultures avec la démocratie qui leur permet de vivre, à vouloir séparer les citoyen-nes en fonction de "leurs" cultures d'"origine".

La démocratie n'efface pas les cultures d'"origine", elle permet la critique des cultures les unes par les autres, le vrai échange est dans la critique, la connaissance critique ... La démocratie permet à chaque individu et à la communauté nationale de choisir dans toutes ces cultures, le meilleur, le mieux adapté à la vie ensemble à l'époque où l'on vit...

"Une intégration réussie doit offrir aux individus la possibilité de recevoir le meilleur des deux mondes, et non le pire." résume Thomas Hylland Eriksen[1].

 

CONTRADICTION DES LIBERTES

 

La liberté de l’être humain est sa dignité, la démocratie veut favoriser le maximum de libertés actuelles et à venir. Mais la liberté est un équilibre instable et sans cesse remis en cause entre des libertés contradictoires, l’exercice de libertés peut aboutir à des concentrations de pouvoir qui menacent d’autres libertés, et dans ce cas l’Etat doit limiter ces premières libertés.

Nos contemporain-e-s semblent avoir perdu cette notion de l’équilibre des pouvoirs et des libertés et la conception de l’Etat régulateur au nom de l’intérêt général ( qui est de préserver le maximum de libertés), ils ou elles tendent à voir toute liberté comme un « absolu », un droit-créance illimité, inconditionnel. Il devient dès lors enfantin de leur faire avaliser les pires manipulations, en se prévalant du « simple » exercice d’une « liberté ».

 

La base du droit français, la construction de l’Etat français depuis des siècles reposent sur une compréhension fondamentale : la nécessité de concilier des libertés contradictoires, ainsi que l’intérêt général, et de borner les pouvoirs, y compris ceux résultant de l’exercice des libertés, par d’autres autorités.

La France, qui est un des plus anciens Etats, ses juristes et politiques –souvent juristes – ont élaboré un droit permettant ces conciliations et équilibrages, ont appris à les opérer ; c’est par cette construction qu’elle s’est maintenue en tant que pays de Liberté.

Cette construction est notre héritage intellectuel, elle est le triomphe à la fois des Voltaire et des Dreyfusards, tout comme de ceux qui se reconnaissent dans l’appel à rendre à César ce qui est à César. Elle est l’héritage intellectuel que la République donne à tous les jeunes de France, et quelque part, elle représente aussi une victoire des Voltaire du monde entier.

 

Contrairement à ce que veulent faire croire les ennemis de la liberté, la démocratie n’est pas qu’une procédure de vote. La démocratie n’accorde pas aux ennemis de la liberté, la liberté de détruire démocratie et liberté, par la procédure démocratique. Manifester avec le symbole d'un fascisme ou d'un autre totalitarisme visant à renverser la démocratie n'est pas un droit démocratique.

 

 

DROITS FONDAMENTAUX

 

La démocratie pose comme norme ou comme objectif suprême les droits fondamentaux de la personne humaine, dont la liberté de conscience et de pensée.

Le fondement des « droits fondamentaux » est sans doute dans une conception de l’être humain comme infini. Paradoxalement, on peut voir la source d’une idée aussi infinie de la liberté humaine dans l’idée d’être humain crée à l’image d'un dieu, y voir une idée religieuse.

 

Si le fondement des droits est une transcendance de nature divine révélée, alors l’être humain s’interdit de penser en dehors de ces dogmes. Les religions enferment la pensée dans des dogmes, des systèmes. La répression du blasphème caractérise cet enfermement.

Si le fondement des droits est la « nature » alors l’être humain limite sa raison à penser ce que la nature aurait prescrit, et s’interdit d’interroger l’idée même que la nature aurait prescrit quelque chose. Or la notion même de lien entre nature, science et morale, définition du bien et du mal, est contestée au nom de la morale de la responsabilité et de l’autonomie de la pensée, au nom de la liberté de l’être humain. Seul l’être humain peut choisir de définir le bien, de le faire, et seul il est responsable de ses choix.

 

La démocratie laïque refuse tous ces enfermements, et reconnaît aux personnes une liberté absolue de penser et de discuter. L’adhésion volontaire à un système interdisant de penser en dehors d’un dogme ou d'un diktat prétendu naturel est en contradiction totale avec la démocratie.  La démocratie n’est pas « une religion comme une autre », les droits humains déclarés en Europe, ne sont pas des dogmes. La démocratie est ce qui permet à l’être humain d’être libre, sans s’enfermer ni dans le présent ni à l’avenir dans une fidélité à un monarque ou à un dogme, elle a pour but d'empêcher cet enfermement, elle n'aurait pour doctrine que le refus de l'emprisonnement de l'esprit humain dans une doctrine.

 

 

DEMOCRATIE  ET CONTRADICTION

 

La démocratie est la loi humaine, mais la loi humaine est limitée par des droits fondamentaux qui semblent évoquer une vision religieuse de l'être humain. Les droits fondamentaux ne sont pas des dogmes mais pourtant ils le sont, qualifiées à la fois de naturels et sacrés ce qui est purement contradictoire, la préservation, le souci de chaque vie humaine est un point intangible de ces droits, point de départ de l'idée de dialoguer pour vivre ensemble...

La démocratie est la loi du peuple mais la voix du peuple est filtrée par la représentation, le bicaméralisme.

La démocratie est l'opinion du peuple mais le pluralisme et la règle de la majorité la rend contradictoire et illogique...

La démocratie n'est que contradiction. Mais justement :  la démocratie naît de l'idée de contradiction, elle repose fondamentalement sur l'idée que la contradiction est possible, sur l'acceptation du fait qu'aucune doctrine, personne, groupe, ne peut à soi tout seul suffire, et que seul le dialogue, peut être ...

 

 

NATION ET LANGAGE

 

L'idée de démocratie et l'idée de nation sont liées. La démocratie comme la nation repose sur l'idée du vouloir vivre ensemble et décider ensemble de son avenir. La démocratie forme une sorte de contrat social entre les personnes soumises à la loi, les lois qu'elle produit sont le reflet d'une situation sociale donnée, et repose sur l'idée d'une certaine permanence des populations concernées, sur une évaluation de la justesse de leurs droits et obligations réciproques et respectifs. Cette évaluation est faussé si les bornes de la population varie sans cesse, en dehors de tout critère national. Un peu comme un contrat où toutes les parties prenantes changeraient à l'improviste. Déconnecter démocratie et nation, en raison du droit à la libre circulation des personnes, pose donc des problèmes délicats.

 

La démocratie repose sur le dialogue, donc sur le langage. La manière la plus aisée pour une démocratie de fonctionner, est que les habitants de son territoire parlent et débattent dans le même langage, qu'ils apprennent toutes et tous, dès le plus jeune âge, et à fond, la langue du débat démocratique, à supposer que celle ci ne soit pas leur langue maternelle. Bien sûr les traductions sont possibles, mais les délais, les coûts énormes de traductions risquent de rendre la démocratie moins efficace, sinon impraticable. Il est de beaucoup souhaitable, qu'à chaque niveau de débat démocratique, corresponde une langue parlée par tout-e-s, la langue la plus facile à apprendre et à écrire, une langue qui serait apprise tôt et  connue de manière approfondie. Au niveau français le français, au niveau européen l'anglais.

 

 

DEMOCRATIE, PAIX ET DROIT INTERNATIONAL

 

La démocratie serait la meilleure, sinon la seule garantie de la paix dans le monde, car les démocraties ont pour but la protection de la vie de leurs peuples, et n'ont pas besoin du dérivatif de la guerre pour asseoir le pouvoir de dictateurs[2]. Les démocraties peuvent pourtant comme les autres puissances se battre pour des ressources économiques.

 

Parler d'un "droit international", comme d'un état international de droit, de la même manière que l'on parle d'Etats de droit pour des Etats souverains, alors que ces Etats ne sont pas eux même des démocraties, est actuellement une tromperie.

En droit international, chaque Etat reconnu par les autres comme souverain sur un territoire donné, a une voix. Il ne lui est demandé par définition aucun compte de l'exercice de sa souveraineté sur son territoire, car sa souveraineté signifie précisément, la liberté pour l'Etat reconnu de régir comme il l'entend le territoire et la population sur lesquelles il est souverain. L'intervention des autres Etats sur son territoire est interdite. Le principe du droit international c'est "charbonnier est maître chez soi". Il y a des exceptions à ces principes (cours pénales internationales..), mais elles ne changent pas la situation d'ensemble.

 

Parler d'un "droit international" comme d'un état de justice pouvant correspondre à la justice régnant dans les Etats soumis au droit, résulte d'un sophisme. Le sophisme consiste dans la confusion opérée entre :

- la forme démocratique des instances internationales : l'égalité des droits de vote entre personnes morales étatiques qui en sont membres

- et la condition de fond de la démocratie, qui est la possibilité d'un dialogue en vue de l'intérêt de tous les individus réels, les personnes humaines physiques en cause.

Il est inadmissible de présenter comme démocratique le dialogue "internationale" s'il n'aboutit pas à un processus démocratique pour l'ensemble des personnes physiques concernés, c'est à dire pour les citoyen-nes ou résident-es des Etats prenant part aux discussions internationale. A moins de considérer dans une conception totalitaire confusionnelle, que l'intérêts de chacun-e des individu-es se confondent totalement avec l'intérêt de l'Etat.

 

Il n 'y pas d'état de droit sans démocratie, sans contrôle démocratique contre l'arbitraire : c'est cela un Etat de droit. La démocratie, l'état de droit, se réalise dans la discussion libre entre les individus, leurs représentants librement élus.

Les états tyranniques participant aux organisations internationales ne représentent pas leurs peuples. Cela ne signifie pas forcément qu'ils vont en tout contre l'intérêt de leurs peuples. Mais cela signifie qu'ils ne veulent en aucun cas, et ils le revendiquent eux même, porter la voix démocratique de leur peuple, ils s'opposent eux mêmes à cette voix, ils refusent "chez eux" l'état de droit; ce qui signifie bien, à moins d'être schizophrène, qu'ils ne la représentent pas, qu'ils ne peuvent être considérés comme les relais de l'expression d'une recherche démocratique de droit.

Ils ne peuvent donc pas participer à l'élaboration d'un "droit international" représentant effectivement un droit, c'est à dire le résultat démocratique d'une recherche de la règle commune la plus juste. La plus juste pour toutes les personnes auxquelles elle va s'appliquer, c'est à dire à toutes les personnes physiques vivant dans ces états.

 

Aujourd'hui il est impropre de parler de "droit international". Et il n'y en aura pas tant que les Etats souverains membres des instances internationales ne seront pas tous des démocraties. Aujourd'hui, il n'y a que des négociations internationales, des accords marquants des rapports de force entre les Etats souverains, des cadres de discussions entre puissances, semblables aux anciennes conférences réunissant les diplomates après les guerres, des conférences rendues permanentes. 

 

La démocratie, l'élaboration au contraire du droit, résulte non pas d'une négociation entre entités en lutte les unes contre les autres, mais de la recherche de la justice, qui rétablit le droit en faveur de celui qui peut le moins se défendre contre le plus fort qui pourrait abuser de la "loi du plus fort". La démocratie n'est pas une négociation pour tempérer les ardeurs d'un plus fort, afin que de faire cesser les combats, une négociation qui ne fait que déclarer le résultat de ce rapport de force; constater les effets de la "loi du plus fort". La démocratie remet en cause ces rapports de force au nom de la justice et de la raison.

 

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[1] professeur d'anthropologie sociale, Université d'Oslo, rédacteur du périodique de sciences sociales Samtiden « Notre temps ».

 

[2]   C'est la vision idéaliste développée par William Kristol et Lawrence F.Kaplan, qui reprochent aux gouvernements antérieurs américains d'avoir délaissé cet idéal de défense de la démocratie au profit de relations commerciales.