Cercle d’étude de réformes féministes : http://www.c-e-r-f.org

 

 

 

 

LE PITRE ET L’INQUISITEUR :

 

LE MRAP VEUT REPRIMER LE BLASPHEME

 

 

La déclaration hautement significative, effrayante, de Mouloud Aounit,  président du  Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap),   sur le blasphème (sur France 3 le 13 janvier 2005 journal de midi[1])  aurait dû faire les gros titres des journaux depuis deux jours : « Aujourd’hui si la liberté d’expression est un bien fondamental et fait partie des droits de l’homme, la liberté de blasphemer et la liberté d’ouvrir le champs au racisme doit être réprimée avec la plus grande fermeté. » 

 

Ce n’est ni plus ni moins que le rétablissement du délit de blasphème qui est demandé par un « défenseur des droits de l’homme ». S’en indigne-t-on ? Mais non, ce sont les propos absolument grotesques et non crédibles d’un pitre politique (propos de Le Pen sur l’occupation), qui donnent lieu à force démonstration d’indignation. Pas de panique, notre intelligentsia n’a jamais qu’une guerre de retard.

 

Le lendemain, Aounit précise : « Il ne fallait pas entendre dans blasphème un sens religieux: ce que je critique, c'est tout ce qui porte atteinte à l'intégrité de la personne », « le Mrap réaffirme que la critique des religions, de toutes les religions, y compris l'islam, est légitime » (AFP).
Voilà qui calmera notre intelligentsia, aux yeux de laquelle la répression du blasphème parait une impossibilité absolue. Cette tranquille certitude ne tient pourtant que par l’ignorance lourde de l’état actuel du droit dans le monde.

 

Pour comprendre l’extrême gravité de ces propos, il faut savoir d’une part qu’au niveau international, les Etats islamiques mènent campagne, au nom de la lutte contre l’ « intolérance religieuse », contre la liberté de blasphémer et contre la liberté de changer de religion.  Ils ont réussi à faire disparaître la mention du droit de changer de  religion ( crime d’apostasie selon l’islam) des dernières déclarations internationales de droits humains. Régulièrement, à l’ONU, ils martèlent que la haine de l’islam est un grand péché contre les droits humains[2].

 

Il faut savoir d’autre part, que dans presque tous les pays d’Europe, ainsi qu’en Alsace-Moselle, le blasphème est réprimé[3], et qu’en Angleterre, non content de la définition du blasphème, on discute actuellement de l’instauration d’un délit d’ « islamophobie »[4]. Dans les pays européens, les définitions légales du blasphème peuvent être décrites exactement selon les termes du MRAP : elles ne comprennent pas (seulement) littéralement le sens purement religieux, mais font référence au respect des « sentiments » des croyants ou tenants d’autres convictions philosophiques…

 

« Staline, Hitler : assassins,  salauds ! » : de tels propos pourraient selon ces définitions être interdits pour ne pas heurter les « croyances » des communistes ou des nazis... « Mahomet : assassin, salaud ! » : même punition. Pendant ce temps, les Etats islamiques peuvent, dans une même déclaration, écrire d’abord que l’islam est une religion de paix et d’amour, et ensuite, au nom de la réprobation contre l’intolérance religieuse, reprocher à l’Union européenne de critiquer la lapidation et autres peines relevant de la loi islamique (« charia »). Si l’Union européenne appliquait le droit du blasphème en vigueur dans nombre de pays européens, elle s’interdirait en effet une telle intervention contre la lapidation.

 

En France « de l’intérieur » (Alsace-moselle exceptée), le délit de blasphème parait moyen-âgeux. Personne ne songerait à s’alarmer d’entrer dans une Europe fédérée qui dans sa majorité le condamne : nous ignorons cette répression, elle nous parait im-pos-si-ble.

 

Or, la France « de l’intérieur » est à cet égard une exception, en europe occidentale. A cause de cette exception, jusqu’à présent en France les attaques du combat islamique (« djihad ») contre le blasphème ont été menées seulement au nom de la lutte contre l’ « islamophobie », mot- valise semant la confusion entre critique des religions et incitation à la haine contre les musulmans réels ou présumés. C’est donc en France une nouvelle étape, extrêmement grave, dans la guerre de minage idéologique contre nos démocraties, qui vient d’être franchie. Et ce dès les premiers jours l’année du centenaire de la loi 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat, et quelques jours à peine après l’adoption de la loi anti-sexiste/homophobie, dont le CERF avait souligné qu’elle ouvrait la voie au délit d’ « islamophobie ».

 

« Nous », Français-e-s ne l’avons pas vu. Nous n’avons toujours pas compris la guerre idéologique de la théocratie musulmane contre les institutions démocratiques.

 

 

Anne Vigerie

 

du Cercle d’étude de réformes féministes.

 

15 janvier 2005

 

PS :  Le 12 janvier, la Cour d'Appel de Toulouse confirme la condamnation de Aides pour avoir utilisé le slogan "Sainte capote protégez nous" 

[ "A Toulouse, en avril 2004, à la suite d’une plainte venant du côté chrétien cette fois, une association de lutte contre le Sida, ayant montré une image de religieuse avec le  slogan « "Sainte-Capote, protège-nous », a déjà été condamnée pour "injures publiques » « envers des personnes en raison de leur appartenance à une religion déterminée" …" Note du  CERF ]

Ainsi le "blaspheme" est condamné en France au nom d'une lutte contre le "racisme anti-chretien" :


http://www.aides.org/

http://www.aides.org/sites/actualites/?cmd=fichier&type=A&id=1582&arbo_parent=1013/1582/&niveau=2&id_dossier=1013&PHPSESSID=cafeb9018535944a51822d65aa86967b

http://www.e-llico.com/content.php?section=actu&id=3614



[1] http://videojts.france3.fr/popupjt/popup.php3?journal=1214&date=13/01/2005&format=2&debit=2

[2] Cf livre « Face aux obscurantismes … » Cercle d’étude de réformes féministes (p103s)  http://www.c-e-r-f.org

[3] Id  (p116 et suivantes)  Allemagne, Autriche, Danemark, Suisse, Grèce, Irlande, Islande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal

[4] Le monde 8 décembre 2004 Un projet de loi britannique réprimant « l'islamophobie »